8 mai 1945 : hommages d’hier, combats d’aujourd’hui

8 Mai 2025

C’est une date symbolique à plus d’un sens. Ce jeudi 8 mai, nous commémorerons le 80e anniversaire du 8 mai 1945, date de la capitulation sans conditions de l’Allemagne nazie devant les Alliés. Ce fut un soulagement immense pour les peuples, marquant la fin de la Seconde guerre mondiale en Europe quand la fin définitive du conflit devient effective en septembre 1945 après la reddition du Japon impérial. Après des années de souffrance, de privations, les peuples voyaient enfin le bruit des armes cesser.

La Seconde guerre mondiale, fut le conflit le plus meurtrier de l’histoire contemporaine. Il fut total, engageant les peuples et les Etats aux quatre coins de la planète. Plus de 60 millions de victimes, dont près de 40 millions de civils, périrent dans les combats. Parmi ces civils, les 6 millions de Juifs exterminés dans les camps de la mort sont l’expression de cette barbarie érigée en système par l’Allemagne nazie. Ce génocide, industrialisé et froidement préparé, constitue encore à ce jour un traumatisme indélébile dans l’histoire humaine. 

Le 8 mai 1945 représente évidemment une journée du souvenir pour toutes ces victimes. Il s’agit aussi et surtout de rappeler que l’horreur n’a pas surgi de nulle part ni de la malveillance de quelques groupes organisés qui auraient pris le pouvoir par surprise. 

Ce conflit est le fruit de choix politiques et d’erreurs majeures, de crises du capitalisme qui ont alimenté la haine et la violence. La Second guerre mondiale est le résultat d’une Première guerre mondiale et d’un entre-deux guerre chaotiques qui ont accéléré le développement des nationalismes, terreau d’un fascisme qui prit le pouvoir en Italie puis en Allemagne. La porosité de l’extrême droite avec le capital s’est progressivement réalisée par peur des mouvements ouvriers massifs portés par la gauche et notamment le Parti communiste. Répression politique intense, austérité généralisée et politiques antisociales brutales, politiques racistes par un antisémitisme d’Etat, guerre commerciale : toute ressemblance avec une époque contemporaine serait presque fortuite. 

La comparaison entre les époques a évidemment ses limites et mériterait un travail historique en soi. Les réinterprétations historiques sont d’ailleurs dangereuses et pendant que nous célébrons le 8 mai ici, la Russie célèbrera le 9 mai ce jour de la victoire. Vladimir Poutine tentera à coup sûr d’instrumentaliser cette date comme le feront certainement le pouvoir ukrainien (malgré l’apport décisif de sa population face au nazisme) ou encore les chancelleries occidentales. Pourtant, il ne peut être question d’utiliser ou de nier l’apport décisif des troupes soviétiques pour vaincre les forces hitlériennes.  

De même, le 8 mai 1945 marque le triste anniversaire des massacres coloniaux à Sétif, Guelma et Kherrata. Les colonisés d’alors, Algériens, manifestaient une joie légitime de voir le monde libéré auxquels ils avaient participé par la mobilisation des tirailleurs dans les Forces françaises libres ou encore parmi les troupes britanniques. Il n’en fût rien pour ces populations alors qu’elles exprimaient leur droit à l’autodétermination. Les milices coloniales, aidées par l’Etat, réprimèrent dans le sang pendant deux mois cette aspiration à la liberté avec plus de vingt mille morts dans ce qui était alors l’Algérie française. Ce fût un événement fondateur pour massifier la lutte indépendantiste du peuple algérien. Il faut avancer vers cette reconnaissance officielle par la France, à plus forte raison dans le contexte actuel où des démagogues veulent opposer les peuples algérien et français. 

Il est pourtant nécessaire de comprendre et contextualiser la Seconde guerre mondiale, en étudier les ressorts d’autant plus que celles et ceux qui l’ont vécue avaient déclaré au sortir de 1918 : « Plus jamais ça ! ». 

La banalisation des discours de haine, l’exacerbation des difficultés sociales et la quête de boucs émissaires notamment par une presse aux mains des puissances d’argent ont créé les conditions d’une légitimation de la guerre. 

Le 8 mai 1945 symbolise aussi la victoire des idées humanistes, de progrès social, porté par des femmes et des hommes, des organisations qui ont refusé la fatalité. Organisés au sein de la Résistance, ils ont combattu pour notre liberté. Ce sont eux que nous remercions et saluons. Comme les forces du CNR organisaient déjà l’après-guerre en même temps que la lutte armée, les forces alliées préparaient également ce nouvel ordre fondé sur le droit qui sera à la base de l’ONU et des institutions internationales.

Ces mêmes fondations qui sont aujourd’hui bousculées par des puissances d’argent, des Etats qui veulent imposer un nouvel ordre fait de violence, niant le droit des peuples. La multiplication des théâtres de guerre, les risques de génocide, les conquêtes coloniales ne sont plus d’un autre temps et se font de manière totalement assumée. Le droit international est foulé au pied mais il reste malgré tout un atout solide pour résister aux projets militaristes et impérialistes. Les guerres commerciales pour les ressources stratégiques, les nouvelles phases d’expansion du capital et les discours de haine, de choc des civilisations sont autant de menaces qui pèsent sur l’héritage du 8 mai 1945.

A l’heure où la génération des combattants, de survivants des camps s’éteint progressivement, notre meilleur hommage consiste à lutter pour la paix, le progrès social, d’y inclure la donne environnementale. Un monde de coopération, de partage et de justice reste à conquérir.

Articles les plus lus

Thèmes associés

Dans la même catégorie

Bayrou : la saignée

Bayrou : la saignée

On savait le Premier ministre partisan d’une austérité lourde. Les annonces de difficultés...

Dans les autres catégories