Du conclave à la censure !

27 Juin 2025

Cela paraissait couru d’avance, tout le monde le pressentait.. sauf François Bayrou qui s’est entêté avec son conclave sur les retraites et loue une méthode inédite. 

A peine nommé à Matignon, c’était la seule solution qu’il avait trouvé pour éviter une censure immédiate de son gouvernement, tant cette question de la réforme des retraites incarnait le rejet de la macronie.  

Largement rejetée dans la rue et dans l’hémicycle, la réforme Borne a été adoptée par  49.3 et n’a donc aucune légitimité démocratique. La proposition de résolution, proposée par le groupe GDR à l’Assemblée nationale le 5 juin dernier et largement adoptée, démontre que cette réforme reste encore minoritaire, y compris au sein de la représentation nationale. En reculant l’âge de départ à la retraite de deux ans et en accélérant l’allongement de la durée de cotisation, le gouvernement de l’époque, et les suivants, dans la même lignée, ont touché à ce conquis social emblématique et ont montré leur vrai visage libéral. Car, en réalité, rien ne justifie financièrement cette réforme. 

En proposant un pseudo dialogue social entre les organisations syndicales et les organisations patronales, Bayrou s’est obstiné à vouloir faire rentrer des ronds dans des carrés. Hier encore, il a adopté la méthode Coué pour se féliciter d’un ‘’travail remarquablement utile’’ vantant des points d’accord qui n’existent pas ou peu, tout en proposant que les discussions se poursuivent encore un peu…

Très vite, constatant que la méthode était biaisée, la CGT et FO avaient quitté ce conclave, simulacre de négociations. Après quatre mois, qui n’auront été utiles que pour un sursis politique pour le 1er Ministre, toutes les parties ont dû se rendre à l’évidence. C’est un échec, aucune issue n’a été trouvée.

Le postulat du patronat est resté éternellement le même : hors de question de revenir sur l’âge de départ, et pourquoi pas même envisager un nouveau recul jusqu’à 67 ans ! Hors de question de toucher aux exonérations de cotisations qui permettraient d’assurer le financement de notre système de retraites. Le MEDEF propose même d’aller vers un système par capitalisation, paroxysme de l’individualisme et des marchés financiers, où seuls les plus riches pourront s’offrir une belle retraite privée, à l’opposé donc du système solidaire par répartition, mis en place en 1945, sous l’impulsion du Conseil National de la Résistance. 

Le patronat se sent tout puissant dans ses idées les plus libérales, bien aidé par le gouvernement qui lui donne des gages constamment et met en œuvre ses moindres désiderata. A l’inverse, les représentants des salariés avaient fait de ces thèmes, des lignes rouges, comme des millions de citoyens et citoyennes qui continuent de demander l’abrogation de cette réforme injuste, qui demandent une meilleure prise en compte de la pénibilité, une résorption des inégalités professionnelles qui se traduisent ensuite par des écarts de pension entre les femmes et les hommes.

La Cour des comptes vient de démontrer les effets néfastes du recul de l’âge légal sur les seniors : plus d’invalidité avec des conséquences sur la santé et l’espérance de vie, notamment des ouvriers, plus de situation de ‘’ni en emploi ni en retraite’’, et peu d’effets sur la croissance. Pendant ce temps, des millions de jeunes peinent à entrer dans le marché du travail..

François Bayrou, pour tenter de sauver sa peau encore quelques instants, propose de recevoir lui-même les organisations pour tenter un ultime dialogue… et sans doute pour constater par lui-même, l’échec de sa propre méthode. 

Ce conclave avait été proposé pour éviter une censure, celle-ci parait désormais inéluctable. Le gouvernement a voulu faire de ce dossier son totem d’immunité. Il a échoué, il doit être censuré. Quant au RN, qui a longtemps fait croire que la question sociale, et plus précisément, la question des retraites lui importait et qu’il était du côté des travailleurs et travailleuses, il refuserait à présent de censurer le gouvernement. Les masques tombent à nouveau. Oui le RN est anti-social et est l’allié de la macronie et de la droite en servant les intérêts du capital.

Réduire le déficit du système de retraites et assurer le financement des retraites est possible, sans toucher à l’âge légal. Les 13,5 milliards d’euros en 2030, mis en avant par le gouvernement, sont facilement trouvables, en luttant contre la fraude fiscale, en garantissant l’égalité salariale, en supprimant les exonérations de cotisations patronales etc. Autant de pistes mises en avant par des syndicats et des partis politiques, que le gouvernement a toujours refusé d’examiner… Il n’est jamais trop tard. Sinon, le Premier Ministre pourrait bien être forcé à prendre sa retraite !

La retraite est une affaire populaire. De conclave, il faut passer aux forums et à tous les espaces de lutte pour faire reculer ce capital arrogant qui veut épuiser les forces du travail jusqu’à la mort.

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