François Bayrou, faible avec les puissants, fort contre le peuple. 

16 Juil 2025

Asséner, répéter, réitérer, pour que cela devienne une évidence, un fait inéluctable, inscrit dans le récit public. 

Depuis des mois, le premier ministre explique au pays qu’il va falloir réaliser au moins 40 milliards d’euros d’économie sur le budget 2026, finalement chiffrés à 43,8, dans un ‘’moment de vérité’’ tel l’intitulé de la conférence de presse, comme pour mieux marquer la gravité de la situation. 

Des mois que son gouvernement et lui préparent les esprits, faisant mine de chercher d’autres solutions, faisant mine d’être surpris par cette situation budgétaire et par l’état des finances publiques. Chacun le sait, cette situation n’est pourtant ni nouvelle si surprenante. Depuis l’élection de Macron, et cela régnait déjà dans certains choix politiques, le discours sur la dette et les dépenses publiques est identique et rodé, ancré dans la logique libérale. 

Notre pays dépense un pognon de dingue alors qu’il n’en a pas les moyens. L’objectif n’est plus la satisfaction des besoins humains et l’intérêt général. L’objectif est d’obéir à Bruxelles et au diktat des 3% de déficit public avec comme obsession le retour à l’équilibre des finances publiques et l’arrêt de l’augmentation de la dette. Il faut couper, sabrer, réduire la voilure au risque sinon de finir comme la Grèce, a martelé François Bayrou. Estimons déjà heureux que le gouvernement ne baisse pas les salaires et les pensions de retraite. 

Leur doxa est de matraquer que notre dette de 3.300 milliards dont les petits Mozarts de la finance sont les auteurs, est devenue insupportable. Il assène même le chiffre pour faire peur de 113% du PIB. Pourtant ce concept est inique et erroné. La durée moyenne de notre dette est de 8,5 ans. Donc la ramener à une année de PIB et de création de richesse, n’à qu’un but. Faire peur et nous faire avaler le sang et les larmes promis. 

A cette litanie anxiogène est venue s’ajouter le discours tout aussi rodé du Président de la République à l’occasion du 14 juillet et avec en parallèle une démonstration de force militaire sur les Champs-Elysées. « Pour être craint, il faut être puissant » a-t-il affirmé

Un discours de préparation, une nouvelle fois, à la menace d’une guerre. Cette menace est réelle, ne la sous-estimons pas mais ne la sur-estimons pas non plus. Les voies choisies pour y faire face nous paraissent faire peser un péril plus important que la menace en elle-même. 

Cette menace est sur-utilisée et instrumentalisée par le chef de de l’Etat. C’est dans la fabrique de ce scénario qu’il peut et veut montrer sa prétendue toute puissance. Chacun se souvient de son discours guerrier face au virus du Covid. Cette fois-ci c’est donc la guerre à nos portes qui lui permet de légitimer ses choix politiques. Un budget militaire augmenté de façon historique pour atteindre 67 milliards d’ici 2027, année d’élection présidentielle. Un budget qui a presque doublé depuis la 1ère élection de celui qui se plait dans le rôle de chef de guerre. Après le sacro-saint 3% de déficit rapporté au PIB, voici le tout aussi sacré objectif de 5% de dépenses militaires rapporté à la richesse nationale dicté par l’OTAN et Washington.

Cette militarisation des dépenses et cet effort de guerre font indubitablement des victimes. Les autres secteurs sont relégués au second plan. Tout ce qui fait la nation et la cohésion au quotidien est déminé. Tout ce qui est service public et modèle social sont la cible privilégiée du capitalisme. L’école publique, elle se débrouillera avec ce qu’elle a. La culture, ce n’est pas si essentiel. Les hôpitaux publics tiennent bon grâce à l’engagement et le dévouement des hospitaliers, ca tiendra encore. La question climatique et la transition énergétique, à quoi bon, cela ne dépend pas que de la France de toute façon. Et finalement, supprimer deux jours fériés, c’est participer à la solidarité nationale. 

Tous ces poncifs inavouables sont pourtant au cœur de la pensée libertarienne et justifient l’austérité et une année blanche dans les prestations sociales en gelant les barèmes ou encore les coupes franches de 5 milliards dans les dépenses sociales avec de nouveaux déremboursement de médicaments ou une nouvelle réforme de l’allocation chômage. Le résultat de ces politiques est évident. La pauvreté explose, le nombre de milliardaires aussi. Loin d’être une année blanche, c’est une année noire pour celles et ceux qui ne peuvent vivre que de leur travail.

De plus, les collectivités seront à nouveau mises à contribution comme chaque ministère, avec la perte de 3.000 emplois publics et le non-remplacement d’un fonctionnaire sur 3. 

Enfin, l’addition s’annonce sévère pour les salariés, avec la perte de 2 jours féries dont le lundi de Pâques et le 8 mai. 

Si toutes les mesures concernant le peuple, sont actées et chiffrées, ce n’est pas la même chose pour les puissants. Pour une taxation des plus riches « il faut y travailler » ; pour les aides publiques aux entreprises « le chiffre de 211 milliards d’euros est vertigineux même s’il recoupe beaucoup de choses. La rationalité doit être mise en débat ! ». Il faut noter, que notre rapport a dû être cité. Au Premier Ministre de s’en saisir. 

En tout cas, l’équation ministérielle pour trouver 43 milliards d’euros pourrait être résolue facilement, en enlevant certaines ornières, qui empêche de chercher des recettes manquantes. Les exonérations de cotisations patronales représentent chaque année déjà le double de la somme recherchée. Les aides publiques aux grandes entreprises représentent le quintuple, soit 4 fois le budget de l’Education Nationale. 

Bayrou va devoir s’armer.. de solides arguments pour convaincre le Parlement d’adopter le budget 2026.

Ce qui plane sur sa tête, ce n’est pas tant la menace d’une guerre, que la menace d’une censure. Le chemin pour l’éviter n’a pas été emprunté, tout comme le chemin vers la paix. Aux forces de progrès de mener collectivement la lutte sociale pour le lui indiquer. 

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