Palestine : une reconnaissance pleine et entière maintenant !

25 Juil 2025

Prendre rendez-vous avec l’histoire. C’est le chemin que semble vouloir emprunter le président de la République. En annonçant hier le lancement d’un processus de reconnaissance unilatérale de l’Etat de Palestine par la France, Emmanuel Macron semble enfin prendre ses responsabilités.

En indiquant dans sa déclaration qu’il souhaite acter cette reconnaissance en septembre prochain à l’Assemblée générale des Nations Unies, le président exprime enfin la voix d’une France courageuse, indépendante et respectueuse du droit international sur le dossier proche-oriental. Une voie que nous aurions du prendre bet faire entendre depuis fort longtemps, y compris au moins depuis 2014, quand les deux assemblées avaient adopté une résolution invitant déjà l’Etat à reconnaître l’état palestinien. C’était déjà il y a plus de 11 ans. 

Dès ce lundi 28 juillet, le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot portera cet objectif au comité des droits de l’homme de l’instance onusienne. Nous ne pouvons que s’en nous féliciter d’autant que le chemin a été très, trop long. Plusieurs décennies de processus de paix ont constitué l’excuse de l’inaction d’une diplomatie française qui s’est longtemps égarée ou tue. Non pas par manque d’engagement des personnels diplomatiques qui suivent les dossiers relatifs au monde arabe. Mais par manque de courage politique, l’orientation atlantiste ayant primé au détriment d’une voix originale de la France sur la scène internationale.

Le « bon moment » constituait la formule convenue pour écarter à chaque fois cette reconnaissance étatique de la Palestine. Malgré les mobilisations populaires, malgré les rapports internationaux alarmants, malgré les actions juridiques et pacifiques des acteurs palestiniens à travers l’Autorité palestinienne et l’OLP qui mené quinze ans de batailles dans les institutions internationales. Malgré un blocus de Gaza depuis plus de 20 ans, d’une colonisation qui se poursuit à Jérusalem est comme en Cisjordanie, du mur de la honte, des violences quotidiennes, des expropriations, des enfermements arbitraires, de la politique d’apartheid…

Ce changement de position de l’Elysée est à mettre au crédit de milliers d’actions d’un mouvement populaire, associatif et politique dans la durée pour faire entendre l’exigence de liberté du peuple palestinien. 

Il a fallu une énième guerre d’Israël contre le peuple palestinien non seulement meurtrière mais inédite par l’ampleur des massacres au point de constituer un génocide  pour que Paris daigne franchir le pas. Un pas qui se fait encore attendre d’ici septembre. Mais pourquoi pas maintenant ? On le sait pourtant, Tel-Aviv ne restera pas l’arme au poing et mène déjà la bataille diplomatique pour empêcher  cette initiative française, soutenu en cela par Washington. 

L’attaque israélienne contre l’Iran, dite guerre des 12 jours, en juin dernier, était par exemple une action menée, en partie, pour empêcher la conférence franco-saoudienne à l’ONU, où la France devait déjà reconnaitre la Palestine. Il faut espérer que le vote hier à la Knesset (parlement israélien) à une large majorité, au-delà de la coalition d’extrême droite au pouvoir, pour ne pas voir l’émergence d’un état palestinien au coté d’un état israélien, a fait prendre conscience qu’il ne fallait rien attendre des dirigeants israéliens actuellement au pouvoir. Il faut rester vigilant car l’Elysée est toujours capable d’une volte-face au dernier moment et le mois de septembre est encore lointain. 

De fait, au-delà de cette promesse présidentielle de reconnaissance, beaucoup d’incertitudes et d’obstacles demeurent : Paris ne fait nullement mention des frontières de 1967 dans sa déclaration ni de la fin de la colonisation et de l’occupation des territoires palestiniens. Les souffrances palestiniennes seraient tombées du ciel comme s’il n’y avait pas un occupant et un occupé…Pire, il est évoqué l’idée d’un Etat palestinien démilitarisé pour assurer la sécurité d’Israël…C’est le même type d’exigence que la Russie veut imposer à une Ukraine qu’elle souhaite morcelée et vassalisée… Cette pose de conditions est totalement inacceptable.

Le chemin est donc encore long pour une reconnaissance pleine et entière de l’Etat de Palestine. Si la France va au bout de ses intentions, cela serait un pas énorme d’autant plus que ce serait le premier pays membre du G7 à le faire. Mais n’oublions pas que 148 Etats l’ont déjà fait, prouvant que c’est une action bien tardive. L’urgence est avant tout, à stopper la folie guerrière de Netanyahou qui affame Gaza, à ouvrir un couloir humanitaire pour que l’aide internationale entre au plus vite. Les derniers otages retenus par le Hamas doivent être libérés au plus vite pour qu’ils retrouvent leurs familles. Un cessez le feu durable doit être une absolue nécessité. Et la libération des prisonniers politiques palestiniens, dont Marwan Barghouti, qui pourrait unifier le peuple palestinien doit être aussi exigé. 

La reconnaissance de l’Etat palestinien doit se faire sans plus tarder. Le président doit agir maintenant. Il doit aussi prendre d’autres actes en conformité avec cette ambition : il n’y aura pas d’Etat palestinien sans décolonisation et sans sanctions contre les dirigeants israéliens. Il faut rappeler que Netanyahou, comme d’autres dirigeants israéliens et du Hamas, est sous le coup d’un mandat d’arrêt international pour crime de guerre et crime contre l’Humanité. Tout doit être mis en œuvre pour que les dirigeants répondent de leurs actes. Il faut également suspendre les accords internationaux, européens, de coopération avec l’Etat d’Israël tant que celui ci ne respectera pas le droit international. 

Les mobilisations, des forces internationalistes aux simples citoyens épris d’humanisme, ne doivent pas attendre un moment officiel en septembre. Personne ne doit relâcher la pression et la mobilisation, car une volte face présidentielle est toujours possible. Restons pleinement mobilisés jusqu’à un cessez-le-feu, l’arrêt du génocide et pour la justice et la paix entre les peuples palestinien et israélien. 

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