Emmanuel Macron voulait dans son livre en 2016 révolutionner la vie politique française, agréger « le meilleur de la droite et de la gauche » et dépasser les « clivages partisans ». Huit ans après et deux élections présidentielles remportées, il aura réussi à dynamiter la vie politique de la Ve République. Sa révolution n’étant qu’une politique de dérégulation violente et autoritaire. Contrairement à sa dernière mise en scène où le président passe des coups de fils pour un nouveau remaniement, il est plus seul que jamais, isolé, replié sur lui-même. Ses derniers fidèles sont désemparés ou lassés.
Emmanuel Macron est la caricature de cet extrême-centre qui conduit inévitablement à renforcer l’extrême droite. Il a mélangé les genres par une fausse proximité. Il a blessé et humilié régulièrement par des phrases choc. Il a rendu inaudible la France à l’international. Il a brouillé les repères par sa rhétorique des « extrêmes » qui fait une analogie douteuse entre extrême droite et la gauche et par son recours idéologique au « en même temps ». Il a foulé au pied les volontés populaires après les mobilisations sociales puissantes et refusé le résultat des urnes en 2024. Pire, nous savons même qu’une cohabitation avec le RN constituait son scénario privilégié pour se renforcer lui-même. A l’instar d’un Trump ou d’un Bolsonaro, enfermé sa vérité alternative, il a accentué la fêlure démocratique.
Après Barnier, Bayrou, l’épisode pathétique et éclair de Lecornu doit acter un changement. Sa politique est honnie et sa personne devient le catalyseur de tous les maux. L’extrême droite sait capitaliser sur ce pourrissement de la vie politique et le rejet personnel de la figure présidentielle. Marine Le Pen ne rêve que d’une chose : voir la République à terre pour se parer de l’ordre, sur fond de malaise, de colère sociale et de profonde division du peuple français.
Comme en 2024, les forces de progrès social et de l’écologie ont une immense responsabilité. Elles doivent s’unir et amplifier la dynamique d’alors. Elles doivent entendre les attentes populaires et refuser le piège tendu par le capital. Ce celui-ci s’accommoderait bien de l’arrivée de l’extrême droite pour poursuivre son œuvre de destruction du vivant et de la nature.
Son refus de ponctionner les ultrariches avec la taxe Zucman ou de contrôler les aides publiques aux grands groupes est plus fort que son refus de voir les politiques de haine, racistes et discriminantes s’appliquer. Prenons au sérieux la menace d’une alliance funeste entre les forces de l’argent et la division des travailleurs.
Dans les prochains jours, la dissolution ou la démission de Macron vont s’imposer. Pour résoudre une crise, il faut s’en remettre au peuple. La soif de justice sociale, fiscale et écologique est majoritaire dans le pays. En mettant en chantier des grandes réformes qui changent la vie, en n’oubliant pas de refonder nos institutions du sol au plafond, la gauche pourrait être à l’heure exacte des consciences. C’est à ce seul compte qu’elle peut déjouer le jeu macabre de Macron et ouvrir ce chemin d’espoir.
Unité, radicalité, solidarité, reprenons cette maxime que le peuple de la Fête de l’Humanité a scandé en cœur il y a trois semaines de cela.
Nous devons être à la hauteur du moment de bascule que nous vivons.