ICE, le bras armé de Trump contre les migrants

20 Oct 2025

Scènes d’interpellations ultra-violentes à l’encontre de personnes âgées, d’étudiant.e.s, de familles ou de mineur.e.s, opérées par des agents cagoulés, tantôt en équipement militaire, tantôt en civil, et en tous lieux : espace public, domicile, campus ou transports.  

Ces scènes glaçantes sont le fait de l’Immigration and Customs Enforcement, dite ICE, une agence fédérale du Département de sécurité intérieure des Etats-Unis. 

Créée en 2003 dans la foulée des législations antiterroristes post 11 septembre, elle a été dotée de moyens sans précédent et dispose désormais d’un pouvoir totalement discrétionnaire. 

Au départ, ces législations s’appliquaient à la frontière terrestre avec le Mexique, militarisée progressivement, et a désormais été étendue à l’ensemble du territoire états-unien au nom d’une menace migratoire, mise sur le même plan que le terrorisme ou la grande criminalité. 

Loin de chercher à dissimuler ses méthodes, cette agence revendique sur les réseaux sociaux des interventions violentes : homme menotté couché sur un chariot, arrestations comparées à une chasse aux Pokemon, vidéo d’ASMR d’expulsion… tous les moyens sont bons pour déshumaniser et humilier les victimes de ces raids infâmes. 

L’ICE est devenue le symbole de la nouvelle politique migratoire de Donald Trump, qui fait du racisme et de la suprématie blanche la ligne cardinale de son second mandat. Il n’hésite plus à stigmatiser et associer les personnes en situation administrative irrégulière à des « des meurtriers, des trafiquants de drogue et des toxicomanes, des membres de gangs » pour justifier des rafles d’ampleur. 

Au mois de septembre, ce sont environ 60 000 personnes qui étaient détenues, soit deux fois plus que l’an passé. Le chiffre de 400 000 expulsions devrait être atteint à la fin de l’année. 

Ces opérations brutales et inhumaines nourrissent le chaos qui s’installe outre-Atlantique. 

Dans les villes démocrates, où sont déployées en priorité les milices de l’ICE, de nombreuses mobilisations citoyennes fleurissent pour s’opposer à ces pratiques, que Trump utilise comme prétexte pour y déployer la garde nationale. Après Los Angeles, Washington DC, Portland ou Memphis, c’est désormais Chicago qui est menacée. 

Ces raids massifs s’accompagnent d’une procédure expéditive, qui limite drastiquement le droit de recours de personnes. Pire encore, certaines familles perdent tout simplement la trace des personnes arrêtées, comme les deux tiers des 1800 détenus passés par le centre « Alligator Alcatraz », en Louisiane. 

Selon des chercheur.euse.s, 2,5 millions de personnes sont directement visées par cette nouvelle politique répressive.

Concernant la privation de liberté, il n’existe quasiment pas de lois fédérales régissant les conditions de détention : c’est donc l’ICE qui fixe les normes et les groupes privés qui en assurent l’application.

Car, bien sûr, le capitalisme sait tirer profit de toutes les atrocités que compte notre monde, quand il ne les provoque pas directement pour accroître ses profits. 

Si ces interpellations divisent l’opinion, elles font le bonheur de grands groupes privés. 

C’est notamment le cas de CoreCivic, ou de GEO Group, qui gèrent les centres de détention ou prisons privées et dont les liens financiers avec l’actuelle ministre de la Justice Pam Bondi, et Tom Homan, chargé par Donald Trump d’orchestrer sa politique d’expulsions massive, sont établis. 

Dans de nombreux centres, les personnes sont contraintes de travailler pour 1 dollar par jour : ce n’est donc pas anodin si l’ICE cible particulièrement certaines catégories socio-professionnelles, pour alimenter un vaste système de travail forcé. 

Ces établissements, qui pullulent un peu partout sur le territoire, sont devenus une activité lucrative, qui crée des emplois. Dans des régions pauvres et où le chômage bat des records, cette politique répressive peut alors se draper, toute honte bue, d’un vernis social. 

Et le cynisme capitaliste ne s’arrête pas là : de nombreuses compagnies aériennes tirent également leur épingle du jeu, comme CSI Aviations ou Airlines, largement financés pour pratiquer les expulsions massives. 

Donald Trump n’a rien d’un clown : il redéploie aux Etats-Unis une politique raciale servant les profits de grands groupes privés, appuyée d’une rhétorique fasciste. 

Et cette folie criminelle semble inspirer l’extrême-droite européenne. 

A l’heure où les ministres de l’intérieur se succèdent en France dans une surenchère de stigmatisation et de négation des droits des personnes étrangères, la politique menée outre-Atlantique pourrait faire tache d’huile.

Actuellement, les préfectures créent des sans-papiers, en refusant à des personnes résidant sur le territoire depuis de longues années la délivrance de titres, en tirant sur les délais de renouvellement, ou en prononçant des OQTF à tour de bras. 

De Darmanin à Nunez, en passant par Retailleau, les politiques liberticides s’empilent de jour en jour, et tuent à nos frontières. 

Le 9 juillet 2025, E. Macron et K. Starmer ont signé un accord « One in, Ont out » qui permet « d’échanger » des personnes en situation irrégulière entre les deux pays : concrètement, il autorise le renvoi vers la France certains demandeurs d’asile arrivés illégalement pour accueillir en échange d’autres qui seraient susceptibles d’être acceptés, en raison notamment de liens familiaux.

Cette nouvelle procédure déshumanisante et liberticide a été attaquée par des associations le 15 octobre devant le Conseil d’Etat. 

Quelle que soit la décision rendue par la haute juridiction, il est certain que les politiques migratoires déployées par les pays occidentaux rivalisent de cruauté. 

Leur sous-traitance à des pays du Sud, contre des subsides, relève d’une gestion toujours plus froide, industrialisée et sous-traitée. 

Les témoignages de migrants qui racontent des parcours d’errance et de violences font froid dans le dos.

La lutte contre l’extrême-droite passe par un rejet absolu de toute hiérarchisation des vies, et le refus de toute déshumanisation.

Nous devons nous mobiliser pour visibiliser et mettre fin à ces pratiques contraire aux droits fondamentaux, qui couvrent de honte notre République et nous rapprochent peu à peu du cap d’infamie passé par Donald Trump. 

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