Nous n’enverrons pas nos enfants à la guerre

21 Nov 2025

L’esprit de guerre se propage dangereusement. Il se matérialise progressivement par des actes qui préparent notre économie et nos institutions vers une potentielle guerre d’ampleur. 

Il y a quelques jours, le chef d’état-major Fabien Mandon évoquait « un choc dans trois ou quatre ans ». Fabien Mandon a réitéré ses propos en prenant la parole au salon des Maires mercredi 19 novembre et évoquant le sacrifice d’un pays qui doit être « prêt à perdre ses enfants ». C’est clairement un risque de guerre contre la Russie qui est évoqué. 

L’intervention militaire russe en Ukraine est absolument condamnable. Se préparer à défendre le territoire national, sous l’égide de la représentation nationale, est donc évidemment légitime. Se jeter dans le récit voulu par les va-t-en guerre d’ici et d’ailleurs est par contre condamnable. Il y a des tentatives d’escalades, de provocations. Moscou alimente par exemple cette vision par des provocations incessantes comme le prouvent les récentes attaques de drones au Danemark ou en Belgique. Cette guerre est hybride, avec une bataille de l’information (ou plutôt de désinformation), des accointances avec les courants réactionnaires et d’extrême droite. 

Construire un récit d’affrontement militaire entre l’Occident et la Russie est dangereux. Franchir le seuil d’une guerre généralisée serait inconséquent et incontrôlable.

Il faut dire que la France fait partie de la « coalition des volontaires », groupement des Etats européens qui transfèrent des armes lourdes à l’Ukraine. Si le droit de Kiev à se défendre est légitime, chacun sait que la guerre est dans une impasse et qu’une solution politique doit être trouvée. Plusieurs pays non occidentaux, dont le Brésil, ont proposé une médiation et un cycle de négociations.

L’économie de guerre devient la norme comme l’a prouvé le dernier sommet de l’OTAN. Les Etats membres de l’Alliance atlantique sont sommés par Washington de consacrer 5% de leur PIB pour soutenir la course aux armements. 65% des achats par les Etats européens se font déjà auprès des firmes militaires d’Outre-Atlantique, comme pour conforter la mainmise commerciale, technologique et politique de l’Oncle Sam. 

Les scandales de corruption entachent pourtant des marchés publics de ventes d’armes et appellent à construire une politique de défense clairement indépendante. L’autonomie stratégique voulue par Emmanuel Macron n’est qu’un mirage tant qu’il n’y aura pas de rupture avec la vassalisation vis-à-vis de Washington. Les « chocs » énoncés par l’armée française placeraient en l’état la France en position d’acteur de second plan.

Rappelons enfin qu’il ne faut pas se mettre dans la main des Etats-Unis quand la paix trumpienne est souvent une paix du plus fort et de la capitulation pour imposer les multinationales étasuniennes.

L’orientation de nos productions vers l’effort de guerre constitue également une spirale inquiétante. On sait que cela appelle à des sacrifices sociaux comme en témoignent les déclarations récentes du secrétaire général de l’OTAN ou du Premier ministre, du temps où il était ministre des Armées.

L’austérité qui accompagnera l’effort de guerre sera payée deux fois : par des coupes budgétaires dans les programmes sociaux mais aussi par la mobilisation des finances publiques. Depuis mars dernier, la Banque publique d’investissement a par exemple lancé un fonds de 450 millions d’euros à destination des dépenses d’armement. Les citoyens peuvent désormais verser leur épargne à hauteur de 500 euros minimum, sur ‘’un livret défense’’, un fonds capital-investissement. Les dispositions sont prises pour orienter les investissements publics et privés en priorité dans ce secteur. Le cours des actions des groupes d’armement bondissent depuis le lancement de ce programme public. Ces investissements servent d’ores et déjà à des programmes de reconversion de l’industrie vers la fabrication d’armements comme l’illustre la démarche d’Europlasma vis-à-vis des Fonderies de Bretagne. Les salariés sont bien conscients de ce risque et refusent de participer à la course aux armements. Les travailleurs des plateformes aéroportuaires et portuaires se mobilisent de leur côté pour empêcher les livraisons d’armes vers Israël, poursuivi pour génocide. La classe ouvrière est encore une fois l’honneur de la nation et la force de paix pendant que la France banalise la présence de criminels de guerre à des salons d’armement. 

En plus de l’industrie, les esprits sont conditionnés pour favoriser un contexte de guerre. Le récent accord entre l’Association des Maires de France et de l’Armée de Terre, signé le 15 octobre dernier, en atteste. Les collectivités locales sont appelées à créer les conditions d’un recrutement auprès de la jeunesse populaire. Il est évident que les forces vives qui pourraient être appelées sous les drapeaux seraient majoritairement issues des classes populaires, qu’elles soient de nos banlieues ou de nos territoires ruraux. Le discours de Fabien Mandon était donc bel et bien préparé. L’exécutif doit absolument démentir cette position et clarifier la situation.

Loin de se cantonner à un affrontement potentiel avec la Russie, les aventures militaristes se profilent aux quatre coins de la planète, des Caraïbes à l’Asie en passant le Sahel. La récente déclaration de l’administration étatsunienne sur la relance d’exercices militaires atomiques rejoint les coups de menton réguliers de la Russie sur l’arme ultime. Le spectre d’un hiver nucléaire est ainsi banalisé…

C’est au contraire la culture de paix qui doit être promue comme valeur cardinale. Les forces de progrès, du travail et de la création doivent la défendre à tout prix.

Articles les plus lus

Thèmes associés

Dans la même catégorie

Dans les autres catégories