Le féminisme n’a jamais tué personne, le machisme tue tous les jours

22 Nov 2025

« Le féminisme n’a jamais tué personne, le machisme tue tous les jours » tel est l’un des slogans emblématiques brandi dans les manifestations lors des journées internationales de lutte contre les violences faites aux femmes, célébrée chaque année le 25 novembre. 

Ce système d’oppression masculine qui autorise les hommes à penser qu’une femme peut être un objet à leur merci, que leurs désirs, leurs fantasmes, leurs colères peuvent s’affranchir de l’autre, de son consentement, et qu’ils peuvent tout se permettre, même le pire. Et ce, partout dans le monde. 

Du sexisme ordinaire aux féminicides, en passant par le harcèlement, les violences psychologiques, les violences gynécologiques, les suicides forcés, les agressions, les viols, les mariages forcés, les mutilations sexuelles, la prostitution, la pornographie, ces violences sont systémiques et omniprésentes dans nos sociétés, dans la sphère privée comme publique. Dans le milieu professionnel, dans les transports en commun, dans la rue, les femmes sont toujours la cible. Les femmes restent également les premières victimes de conflits armés. 

En France, un viol, une tentative de viol ou une agression sexuelle a lieu toutes les 2 minutes  Chaque année en moyenne 120 féminicides sont commis et on dénombre plus de 270 000 victimes de violences conjugales dont une très large majorité de femmes. Malgré le vote de lois ces dernières années qui ont permis quelques avancées, notre pays ne parvient pas à endiguer ce fléau. Le mouvement Metoo a permis une meilleure prise de conscience de cette réalité mais pas un recul de ces actes. Le dernier rapport de la MIPROF (Mission interministérielle pour la protection des femmes) publié le 20 novembre confirme cette tendance. 

En septembre dernier, le Conseil de l’Europe a d’ailleurs alerté sur les lacunes persistantes de la France dans la lutte contre les violences sexuelles. Le groupe d’experts  sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique (Grevio) pointe à cette occasion un taux très élevé de classements sans suite, y compris pour les viols, et appelle à des mesures urgentes pour mieux protéger les femmes et les mineures victimes.

A quelques jours de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, le 25 novembre et de la manifestation organisée par de nombreuses associations féministes, le besoin est toujours urgent d’une loi-cadre intégrale contre les violences sexuelles exigée par une coalition d’une soixantaine d’associations ainsi que la nécessité d’un budget de 3 milliards d’euros par an, soit 0,6% du budget total de l’Etat. 

Un budget indispensable pour faire de la prévention dès le plus jeune âge en luttant contre le sexisme, mieux prendre en charge les victimes et les mettre en sécurité grâce à des hébergements d’urgence, accompagner les auteurs pour éviter la récidive, mieux former les professionnels, renforcer les moyens dans les commissariats, dans la justice. 

Alors que le débat budgétaire se poursuit, les crédits accordés par le gouvernement à cette cause sont encore très loin du compte. Pire, la baisse très importante de crédits pour les associations va avoir un impact direct pour l’accompagnement des femmes. Les discours d’affichage permettent au sexisme de perdurer, au patriarcat de continuer à montrer les muscles, s’adossant à des politiques réactionnaires contre les droits des femmes et l’égalité.  

Les mouvements masculinistes se développent, en France comme ailleurs dans le monde, preuve en est encore l’élection de Trump en 2025, champion de la masculinité et du virilisme érigé en toute puissance. 

Du scandale de l’affaire Pélicot en passant par la monstruosité de l’affaire Le Scouarnec, ou encore l’affaire Epstein qui secoue actuellement le Président des Etats-Unis, pour ne citer que quelques exemples emblématiques et récents, il est temps d’en finir avec l’impunité et les comportements criminels. 

En tant qu’hommes, notre responsabilité est immense vis-à-vis de nos femmes, nos sœurs, nos filles, nos collègues, nos amies. Il n’y a pas de petite violence, il n’y a pas de petit sexisme. Il s’agit d’un continuum de violences auquel nous devons mettre un terme pour faire advenir une société égalitaire et émancipée. 

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