Une pâle COPie

25 Nov 2025

La COP 30, réunie à Belém, au Brésil, vient de s’achever avec un immense goût de déception et d’inquiétudes. Cette édition brésilienne n’aura pas permis le sursaut nécessaire. Malgré la tenue d’un sommet des peuples, organisé en marge du sommet de l’ONU, pour faire pression, le compte n’y est vraiment pas et l’accord est minimaliste, sans perspective de sortie des combustibles fossiles. 

Aux portes de l’Amazonie, les peuples autochtones, particulièrement dénigrés par le précédent gouvernement autoritaire de Bolsonaro, ont tout juste pu rappeler au monde que ce poumon de la planète, était devenu surtout le symbole de la dévastation moderne. 

Sous Bolsonaro, les invasions des terres indigènes et les expropriations ont été légion. Les agro-industriels se sont accaparées illégalement et en toute impunité les terres des communautés indigènes, dans la violence, allant même jusqu’à l’assassinat de leaders autochtones, bafouant le droit de ces peuples et le respect de leur habitat. Durant son mandat et par sa politique, plus de 10 000 km2 de la plus grande forêt tropicale de terre ont été détruits. 

Comme un malheureux hasard du calendrier, l’Union européenne, sous le coup d’une coalition des droites et de l’extrême droite sous pression de l’Allemagne et l’Autriche, reportait la loi contre la déforestation qui visait à interdire la commercialisation en Europe de produits comme l’huile de palme, le cacao, le café, le soja et le bois issus de terres déboisées après 2020. 

Durant cette COP, le monde a donc tenté d’être au chevet de la planète. L’état de santé de la terre ne cesse de se dégrader depuis l’ère anthropocène questionnant son habitabilité même à très court terme. L’incendie qui s’est déclaré dans le hall où se tenaient les négociations de cette COP, a sonné comme un terrible écho. La planète brûle. Cette COP 30 marquait les 10 ans de l’accord de Paris où pour la première fois 195 pays avaient reconnu que le réchauffement climatique devait être une absolue nécessité. Malgré cet accord pourtant contraignant et l’obligation de limiter le réchauffement planétaire à  + 1,5 degrés, la réalité actuelle se situe à + 2,5 degrés. Il y a un peu plus d’un mois, les pays du monde entier devaient publier leurs plans climatÀ peine la moitié d’entre eux a rendu leur copie

Lors de la précédente COP en Azerbaïdjan, les pays développés s’étaient engagés à verser 300 milliards d’euros aux plus vulnérables d’ici à 2035, très loin des 1 300 milliards nécessaires pour subvenir aux besoins réels de ces États. Pour l’heure, les financements publics et privés mobilisés ne couvrent que 5 % de ces besoins globaux. Quand les pays industrialisés ont utilisé les ressources fossiles et continuent de revendiquer un développement économique en partie basé sur ces ressources, la Sud global exige une compensation financière à la hauteur du préjudice historique. Ils réclament légitimement un transfert de technologies les moins polluantes et les plus neutres en carbone pour abandonner l’usage des énergies fossiles.

Les pays les plus riches trop occupés à gérer leurs affaires commerciales et leurs dollars ne donnent en effet pas l’exemple. Les industries minières, énergétiques, les fabricants d’armes, l’agrobusiness et les big tech sont les principales responsables de la catastrophe climatique. Les intérêts commerciaux passent avant la sauvegarde de la planète et le pillage des ressources reste la norme pour le compte des multinationales. La majorité des guerres et des tensions géopolitiques sont animées par l’accès à ces ressources. La course folle aux énergies fossiles se poursuit allégrement poussée par les pays pétroliers toujours opposés à ce changement de paradigme. Le capitalisme détruit la nature et le vivant. 

Donald Trump, Président du pays le plus riche au monde, a ostensiblement séché la COP 30, affirmant avoir gagné « la guerre contre le canular du changement climatique » lui le plus grand climato-sceptique de tous les temps, lui, qui dès le début de son premier mandat s’est empressé de se retirer des Accords de Paris, lui, qui a relancé à grande vitesse les projets de forage en Arctique.

De Cop en Cop en passant par le sommet sur les océans, rien ne change du fait de l’inaction climatique et la désinformation climatique. Pendant ce temps, les inondations, typhons, ouragans, canicules, sécheresses et incendies ravagent plusieurs régions du monde. Les récifs coralliens disparaissent à vue d’œil. L’année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée. Tous ces événements climatiques entrainent des déplacements forcés de population avec de véritables drames humains. 

Et pourtant il y a urgence car pour reprendre les propos de Ban Ki Moon, ancien secrétaire général de l’ONU, il n’y a pas de planète B. 

Si les COP doivent exister pour construire des accords, même imparfaits, entre Etats, les peuples doivent plus que jamais se mêler de leur devenir. Il faut surtout bâtir un cap : la seule issue au dérèglement climatique est un système de coopération et de communs, à rebours des logiques d’intérêts marchands.

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