Bienvenue chez Elon Musk

27 Mai 2025

A défaut d’avoir pu (pour l’instant) coloniser la planète Mars, Elon Musk se contentera de la Terre pour réaliser son rêve d’avoir un territoire à conquérir, et, à son effigie..

L’homme le plus riche du monde n’a pas choisi n’importe quel endroit pour faire sortir de terre, la ville de ses rêves. 

En 2019, il avait décidé de quitter la Californie et la Silicon Valley, symbole à ses yeux de trop de réglementation et trop de taxes, et surtout terre promise des wokistes, ces dangereux individus qui se plaisent à jouer avec les genres, défiant les lois  inébranlables de la biologie. Cela en était trop pour Elon qui a préféré fuir cet Etat décadent au profit d’un Etat bien plus sûr pour les réactionnaires de son espèce : Le Texas. Le 28ème Etat est l’un des plus conservateurs et où le vote en faveur des républicains est largement majoritaire sur fond d’idéologie anti-IVG, anti LGBT, et pro-armes. 

C’est aussi l’un des Etats les plus fiscalement attractifs, sans impôt sur les sociétés ni prélèvement sur les revenus.

C’est donc au sud du Texas, au bord du golfe du Mexique, qu’il a installé son entreprise Space X. 300 employés travaillent sur des projets de conquête spatiale. Jusqu’ici rien de surprenant. Mais depuis ce week-end, la ville de Boca Chiva qui abritait le site vient d’être amputée d’un partie de son territoire. La base spatiale est devenue une municipalité à part entière, sur proposition du patron Musk ! Après avoir organisé  des pseudo-élections, Starbase, c’est son nom, est née. Ici pas de Maire, c’est un haut-cadre de Space X qui dirigera cette ville où les habitants sont les employés de l’entreprise. 

Une ville imaginée de toutes parts par Elon Musk, dont Space X gèrera les infrastructures, les structures de santé, l’éducation via une institution privée conçue et financée toujours par le patron de X, et qui ouvrira ses portes à la rentrée. Une ville entre-soi, privatisée, avec un véritable statut et des prérogatives pour se développer, pour accaparer des terres… Bienvenue en dystopie. Le milliardaire a affirmé plusieurs fois ces derniers mois qu’il fallait permettre aux gens supérieurement intelligents de pouvoir réaliser leurs projets, même au-delà de la légalité. Quel que soit le motif de la frontière qu’il émet entre individus, il a plusieurs fois exprimé une inégalité naturelle entre individus (de richesse, de race) pour justifier un séparatisme social. En l’occurrence, il s’agit ici d’un séparatisme spatial comme le font déjà d’autres milliardaires dans des îles privées dans les Caraïbes, dans le Pacifique ou qui cherchent à forger des sites isolés dans l’Hémisphère Nord en prévision d’un monde invivable à + 3 ou 4 degrés de réchauffement climatique.

Au 19ème siècle, des modèles de « villes-entreprises » ont été créées à l’image du familistère de Guise, qui ont permis aux ouvriers et leurs familles d’être logés, d’avoir accès à l’éducation, la culture, l’hygiène, et ont été durant quelques années, un modèle novateur et précurseur avant d’être critiqués dans leur conception et leur architecture. 

Il est plus probable que le projet de Musk soit d’emblée initialement moins philanthropique et soit plutôt l’avènement d’un désir personnel d’appropriation, de pouvoir, de mégalomanie.. Posséder sa propre ville, pouvoir contrôler ses employés, en les mettant spatialement en situation de dépendance, le rêve américain de Musk devient réalité. Quand le patronat cherche à maitriser les conditions de vie de ses employés…

Et peu importe si ce rêve a un impact sur l’environnement et les zones naturelles faites d’étangs et habitées par de nombreux oiseaux. 

A l’heure où les ventes de Tesla sont en chute libre, à l’heure où celui qui a été à la tête d’une importante opération d’austérité budgétaire vient de quitter sa mission présidentielle, ce projet tombe à pic pour le consoler et rebooster l’égo du Cowboy de la Tech.

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