Faire de l’État de Palestine une réalité

31 Juil 2025

C’est par une lettre sobre rendue publique sur les réseaux sociaux et portée par le consul de France à Jérusalem à Mahmoud Abbas que le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé qu’il reconnaîtrait l’État de Palestine en septembre prochain.

La portée de cette reconnaissance est certes symbolique, mais importante. Cette intention, si elle était confirmée, serait donc une victoire pour les soutiens de la justice et de la paix, pour les milliers de jeunes qui ont défilé dans les rues, milité dans les universités, les syndicalistes qui ont distribué des tracts, le mouvement associatif avec une mobilisation autrefois invisibilisée, désormais réprimée. À cet instant, nos pensées vont à deux militants de longue date, Jean-Claude Lefort et Fernand Tuil, qui se sont tant démenés pour obtenir que l’État de Palestine devienne réalité.

Celles et ceux qui exigent depuis des années cette reconnaissance ne peuvent qu’être déjà dubitatifs sur les termes et les omissions de la déclaration présidentielle. Pas un mot d’une Cisjordanie rongée par la colonisation, Jérusalem-Est annexée depuis 1980, un apartheid omniprésent, quand Gaza est soufflée par l’horreur d’une guerre génocidaire. Il conditionne cette reconnaissance à la démilitarisation de la Palestine… prérogative régalienne de tout État souverain. Un comble quand Paris fournit des composants militaires à l’armée israélienne.

La question de la temporalité nous interpelle forcément. D’ici à septembre, le temps est encore long, et d’ici là, la famine fera encore des centaines, voire des milliers de morts dans l’enclave. D’ici là, les Gazaouis subiront à nouveau des bombardements qui ébranleront le peu de bâtiments et de toits qui restent pour les abriter.

En réalité, le président de la République se retrouve contraint au regard de l’impasse militaire de ce conflit. Il tente de sortir d’une position inaudible qui a fluctué entre un soutien quasi inconditionnel à l’opération militaire d’Israël et de maigres condamnations des agissements de l’armée, comme si les bombes larguées n’avaient pas de commanditaires. Il ne faut pas attendre septembre et utiliser la diplomatie pour obtenir un cessez-le-feu durable, l’ouverture d’un couloir humanitaire, la libération des otages israéliens et des prisonniers politiques palestiniens, dont Marwan Barghouti, personnalité politique à même d’unifier les courants politiques palestiniens.

Il faut donc acter la reconnaissance de la Palestine sur le terrain et par une pression maximale afin de contraindre Tel-Aviv à respecter le droit international. Pour cela, la France et l’Union doivent suspendre les accords commerciaux avec Israël ou se joindre aux démarches juridiques de nombreux États à l’ONU. Car oui, le monde avance, 147 États reconnaissent déjà l’État de Palestine, dans les frontières de 1967, ce qui implique une décolonisation des territoires occupés.

Tel-Aviv tente déjà, avec l’aval de Washington, de faire capoter cette initiative française qui ouvrirait la voie à une solution à deux États. La France a une voix qui porte et qui peut entraîner d’autres États, notamment en Europe. Les forces populaires ont pour tâche d’empêcher une nouvelle reculade française comme en 2014 ou en juin dernier.

La 80e Assemblée générale des Nations unies se tiendra à New York du 9 au 23 septembre prochain. Durant cette session aura lieu la 90e édition de la Fête de l’Humanité, où les voix d’une paix juste et durable se feront entendre, où le mot Palestine rimera avec État, liberté et dignité.

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