C’est un événement historique qui s’est déroulé ce samedi 12 juillet 2025. Négocié jusqu’au bout de la nuit, l’accord de Bougival ouvre une page d’espoir pour le territoire de Kanaky-Nouvelle-Calédonie.
Après les émeutes du printemps 2024 suite au projet de loi sur le dégel du corps électoral, la négociation a repris son fil sous l’égide du ministre des Outre-Mer. Les obstacles étaient objectivement nombreux. Une partie des dirigeants kanaks était toujours emprisonnée, même si Christian Tein responsable des CCAT (cellule de coordination des actions de terrain) a été libéré tout en étant assigné à résidence en métropole, et les diatribes colonialistes de dirigeants du camp loyaliste ne présageaient rien de bon.
Le temps des palabres a toutefois fait son œuvre par un dialogue continu respectueux des coutumes locales. Il faut dire que tout le monde était au pied du mur : les accords de Nouméa-Matignon étaient arrivés au bout de leur logique après les trois référendums d’auto-détermination, contestés par le FLNKS. Plus qu’un modus vivendi, le défi de ces négociations visait à établir un nouveau projet économique et politique respectueux de la particularité des populations et pour décoloniser véritablement le territoire. La méthode portée par Manuel Valls est pour une fois à saluer.
En créant un Etat associé de Nouvelle-Calédonie, c’est un chemin novateur qui a été acté dans l’accord de Bougival. En clair, plus qu’une autonomie législative avancée, c’est une loi fondamentale propre qui fondera la vie institutionnelle locale. La fonction régalienne relevant des relations extérieures est transférée et la nationalité calédonienne, complémentaire de la française, est instituée. Cela permet de dégeler de facto le corps électoral puisque tous les habitants ayant dix ans de résidence sur l’archipel pourront bénéficier de cette nationalité.
Adossé à ce projet, le pacte de refondation économique vise à relancer l’économie locale, affectée durement par les affrontements du printemps 2024. L’enjeu de la relance d’une industrie du nickel, par une production autonome et performante dans un contexte international vivace, est ainsi réaffirmé.
C’est aux forces locales, caldoches et kanak, de travailler à rendre opérant cet accord et préparer les dispositions de validation, probablement par voie référendaire. Charge à chacune des forces de porter cette accord, fruit d’un compromis, de convaincre ses soutiens.
Ce processus sera sous contrôle international puisque la Kanaky-Nouvelle-Calédonie est sous surveillance du comité spécial de décolonisation des Nations Unies. C’est une voie originale menant à une liberté et à la réparation d’une marginalisation des Kanak, peuple premier, qui émerge. Aux forces de progrès et attachées au droit à l’autodétermination de soutenir un processus choisi par les forces locales.