La guerre de classe par le budget

24 Juil 2025

François Bayrou a promis du sang et des larmes au peuple français. De l’année blanche sur les prestations sociales au gel des salaires des agents de la fonction publique, en passant par le non-remplacement d’un fonctionnaire sur trois partant à la retraite, ou encore une nouvelle ponction sur les collectivités territoriales déjà exsangues le Premier ministre a livré une copie d’une rare violence. A ceci s’ajoutent des reculs sociaux comme la suppression de deux jours fériés, une nouvelle hausse des franchises médicales ou des restrictions sur les affections de longue durée.

Ces mesures frappent durement celles et ceux qui peinent déjà à vivre du fruit de leur travail ou de leur modeste pension de retraite.  

Tapant fort sur le peuple, qui paie déjà les cadeaux fiscaux accordés aux plus riches, Bayrou se montre bien plus faible face aux puissants, bénéficiaires depuis huit ans d’une politique de l’offre. Aucun coup de rabot sur les 211 milliards d’euros d’aides publiques perçues par les grandes entreprises, mais une proposition de débat pour envisager de nouvelles baisses d’impôts ; rien non plus sur une taxation des ultra-riches, après l’enterrement de la taxe Zucman au Sénat, mais une vague promesse de discussion pour un mécanisme de « justice sociale et fiscale » encore à inventer. Toutes les mesures contre le peuple sont déjà chiffrées, calibrées et non discutables ; toutes celles qui touchent le capital sont encore en projet et à inventer. 

Alors que la politique de l’offre a privé l’État de 308 milliards d’euros de recettes, et que 75 % des revenus de l’État proviennent des ménages, dont la TVA constitue le premier poste, Bayrou a l’audace de dépeindre un pays soi-disant accro à la dépense publique. Quel cynisme !

À la tête d’un gouvernement illégitime, sans base populaire ni majorité à l’Assemblée nationale, le Premier Ministre sait que ce projet de budget est voué à l’échec et risque la censure. Et c’est nécessaire ! 

En réalité, ce « moment de vérité » n’a qu’un objectif : mener une bataille idéologique pour préparer le terrain à une coalition des droites radicalisées dans l’après-Macron. Édouard Philippe et surtout Bruno Retailleau, qui soutiennent le Premier ministre comme la corde soutient le pendu, laissent entendre qu’il faudrait aller encore plus loin. Si Bayrou chute, comme ils l’espèrent, ils proposeront eux d’accélérer dans la campagne présidentielle : supprimer les 35 heures, introduire une dose de capitalisation dans le système de retraite, repousser l’âge de départ à 65, voire 67 ans, ou encore privatiser le financement du chômage et des arrêts maladie, au détriment des cotisations sociales.

Le discours introductif de Bayrou, alarmiste sur le poids de la dette, comparant la France à la Grèce de 2010 et insistant sur la nécessité d’augmenter le budget militaire face à l’instabilité géopolitique, vise à ouvrir une fenêtre d’Overton. Il prépare les esprits au pire, en vue de la prochaine présidentielle, qui se jouera sur des enjeux identitaires, l’immigration et un budget favorisant le capital au détriment des forces du travail et de l’environnement.

Ce discours trouve un écho, puisque qu’une courte majorité de Françaises et de Français admet qu’il faudrait « faire des efforts », tout en reconnaissant l’injustice de ce plan. 

Face à cela, les syndicats se mobilisent pour une contre-offensive signe de rentrée rouge de la colère sociale. La gauche, dans son ensemble, doit répondre par l’unité, en proposant un contre-budget socialement juste, écologiquement responsable et fiscalement équitable.

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