Nous célébrons aujourd’hui les 120 ans de la loi de 1905, instituant la séparation de l’Etat et des cultes. Depuis ce jour, l’Etat ne reconnaît ni ne subventionne aucun culte.
Si la croyance populaire définit la laïcité comme étant « chacun fait ce qu’il veut », ce principe est au contraire un fondement de nos libertés publiques et d’unité du peuple. Laïcité vient du terme grec laos, terme désignant le peuple. Le principe de laïcité est donc une affirmation de l’unité et de l’égalité entre les citoyens composant le corps social.
La loi de 1905 est issue d’un long processus de séparation du pouvoir politique et religieux dont la Révolution française a été un accélérateur. Si la France, autrefois fille aînée de l’Eglise, avait connu les guerres de religion, 1789 avait reconnu les autres cultes protestants et juifs et les individus qui les pratiquaient comme des citoyens égaux en droits.
En 1905, dans une société industrielle et aux espaces démocratiques en développement, la loi de séparation de l’Etat et des cultes s’est imposée alors que les individus étaient libérés de l’éducation religieuse. L’enseignement public était déjà laïcisé depuis 1881, preuve d’un consensus sur la nécessité de sortir les individus des pesanteurs des structures religieuses.
Et maintenant ?
Nous célébrons les 120 ans de la loi du principe de laïcité dans un relatif anonymat. Aucun événement marquant n’est à signaler alors que nous évoquons un principe majeur de notre République.
Cela peut être dû à son acceptation assez large par nos concitoyens. La laïcité est perçue comme un vecteur de paix sociale et est largement accepté comme principe de société.
On ne peut néanmoins négliger le fait que la laïcité est attaquée depuis plusieurs décennies. Quand les défenseurs de l’école privée, au nom de la liberté, vilipendaient et affaiblissaient l’école publique, la laïcité est dévoyée et instrumentalisée depuis vingt ans pour être brandie comme arme contre l’islam.
Les plus grands pourfendeurs de la laïcité osent désormais s’en revendiquer pour déverser leur haine des musulmans comme si nos compatriotes d’origine maghrébine ou subsaharienne étaient tous musulmans. C’est un racisme qui ne dit pas son nom porté par la droite extrêmisée et l’extrême droite. Elles utilisent la laïcité pour porter un discours de division et réaffirmer les racines chrétiennes de la France. Leur vision de la laïcité est fausse, étriquée et passéiste.
Le récit réactionnaire se diffuse par plusieurs initiatives symboliques comme les polémiques sur les crèches de Noël ou des festivités financées par des magnats d’extrême droite. Les mouvances islamistes ou d’autres courants intégristes religieux ne sont pas en reste et se gargarisent d’affaiblir le caractère laïc de nos institutions.
La ligne de crête est tenue mais exigeante. La laïcité n’exclut pas, elle permet l’égalité des citoyens et la liberté de conscience, la liberté d’exercer son culte dans le respect de l’ordre public. A la différence de systèmes anglo-saxons, la France n’enferme pas les citoyens dans des communautés. Les régressions sociales et autoritaires qu’impose le capital contribuent à fragmenter notre cohésion sociale et à créer du commun. C’est le terreau des fondamentalismes et des discours anti-égalité, de haine.
Nous refuserons l’instrumentalisation de la laïcité à des fins identitaires ou racistes. Pensons avec Jaurès que « démocratie et laïcité sont identiques » en ce qu’elles reconnaissent l’égalité des personnes humaines.





