L’Algérie : l’obsession raciste de l’extrême droite

31 Oct 2025

C’est un nouveau vote de la honte qui s’est déroulé hier à l’Assemblée nationale. Dans le cadre de la niche parlementaire du Rassemblement national, l’extrême droite a présenté deux textes emblématiques de ses idées de haine et de division.

La résolution portant sur la remise en cause de l’accord franco-algérien de 1968 a été adoptée à une voix près. On pourrait rappeler que la présence de l’ensemble des députés n’est jamais assurée, hormis pour les grands textes et les votes finaux. Une mobilisation plus importante des députés de gauche aurait empêché cette victoire du RN et il faudra être vigilant pour d’autres tentatives de l’extrême droite. On pourrait se rassurer car le texte adopté est une résolution non contraignante enjoignant le chef de l’Etat à appliquer la mesure votée dans l’Hémicycle.

Il est en tout cas établi que le pire peut être désormais adopté par la représentation nationale. La dénonciation de l’accord franco-algérien est un élément de la bataille idéologique de l’extrême droite. L’accord franco-algérien a simplement acté l’indépendance de l’Algérie et instauré des règles sur les modalités de circulation, de séjour. Il y a un caractère spécifique dans le traitement vis-à-vis des autres nationalités mais cela s’explique par une histoire particulière où les musulmans d’Algérie, bien qu’inférieurs sous la colonisation, jouissaient d’un statut différent par rapport aux sujets des autres colonies. Ce texte a été amendé, modifié et accompagné d’autres accords. Contrairement au fantasme de l’extrême droite, cet accord n’est pas si coûteux et ne fait pas des Algériens des privilégiés en France. Cet accord est même désavantageux pour les étudiants algériens et pour les démarches de carte long séjour. Enfin, rappelons qu’il existe des accords similaires sur le principe mais différents sur le contenu avec d’autres Etats.

En réalité, l’extrême droite affirme par le refus de cet accord international le principe de l’indépendance de l’Algérie, ni plus ni moins. Ce n’est pas une simple rancœur d’une perte coloniale, c’est la haine viscérale du principe de décolonisation. Le RN, en bon héritier du Front national et de ses fondateurs nostalgiques et terroristes de l’OAS, refuse l’indépendance algérienne. Ce serait reconnaître l’égalité en droits et dignité d’un peuple, perçu comme inférieur par l’extrême droite. 

Pour se justifier, le RN et ses alliés a répété ses poncifs les plus éculés et les plus odieux. Il associe l’immigration algérienne à la délinquance, par l’usage de faits divers sordides. Il fait des Franco-Algériens des individus suspects, voire une colonne ennemie de l’intérieur, teintée de racisme anti-arabe et antimusulman. Pourtant, elle devrait savoir qu’y compris au sein de ses rangs, ce sont plus de 7 millions de nos compatriotes qui ont un lien intime avec l’Algérie, par la filiation et par la guerre de décolonisation.

Dénoncer l’accord de 1968, c’est non seulement nier aussi les crimes du colonialisme mais aussi fracturer la population française selon l’origine, la confession. 

Le deuxième vote de la niche parlementaire du RN a confirmé cette vision avec la résolution portant sur la criminalisation de la solidarité envers les populations migrantes et le nauséabond « délit de séjour irrégulier ».

Alors que l’extrême droite assume son vrai visage libéral et antisocial, fidèle là-aussi à ses fondations, elle veut imposer un discours de l’ennemi de l’intérieur et une hiérarchisation entre les individus et les groupes sociaux : c’est le principe même du racisme. 

Comme en 2023 avec le vote de la loi immigration, l’extrême centre et la droite dite républicaine se sont vautrés dans le déshonneur en acceptant les principes idéologiques de l’extrême droite. Plus aucun projet de casse sociale, y compris ce budget, n’est accepté par la population. Il faut donc briser pour le capital les liens possibles entre les travailleurs et les fracturer selon la nationalité, l’origine.

Le front républicain émanant du peuple travailleur et de la création, ce dernier se souviendra de telles attitudes de celles et ceux qui n’ont le mot République à la bouche pour imposer un ordre social brutal et injuste. Il faudra désormais agir pour briser les jonctions tendancieuses entre la droite et l’extrême droite et le cas échéant empêcher leur victoire.

Contrairement aux accusations abjectes qualifiant la gauche d’être le parti de l’étranger, notre relation à l’Algérie peut être respectueuse et exigeante. Nous sommes toujours pour la libération de Boualem Sansal et de Christophe Gleizes, injustement emprisonnés en Algérie. Nous savons que ces problèmes comme les autres sujets de travail nécessitent un travail diplomatique sérieux. 

Les peuples algérien et français ne sont pas ennemis. Ils font vivre chaque jour une relation humaine, respectueuse à rebours des fantasmes et des haines d’une bourgeoisie qui se vautre dans l’indignité.

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