Dans la nuit du 8 au 9 juin, un nouveau crime contre la paix a été commis. Sous nos yeux, dans les eaux internationales, l’armée israélienne a arraisonné le voilier Madleen, affrété par la Coalition de la flottille de la liberté. Ce mouvement qui réunit de nombreuses ONG, non violentes, tente depuis quinze ans de briser le blocus illégal de Gaza pour apporter aide humanitaire et espoir à un peuple martyrisé.
La flottille de la liberté, avec son modeste voilier chargé de jus de fruits, de riz, de conserves et de fournitures pour enfants, n’est pas une provocation, comme le prétendent les autorités israéliennes. C’est un cri d’humanité, un défi pacifique à un blocus et un génocide qui tuent à petit feu. Nous nous rappelons qu’en 2010, l’attaque du Mavi Marmara par des commandos israéliens avait fait neuf morts, révélant, déjà, la brutalité d’un État prêt à tout pour maintenir son emprise coloniale. Quinze ans plus tard, l’histoire bégaie, même si cette fois-ci, aucun militant n’a été blessé, ni tué, fort heureusement.
À bord, douze militants, dont la députée européenne Rima Hassan, l’activiste climatique Greta Thunberg, un journaliste du média Blast, Yanis Mhamdi, Pascal Maurieras, marin CGT, ont été arrêtés, leurs communications coupées, leur bateau détourné vers le port d’Ashdod. Leur seul « crime » ? Vouloir briser un siège inhumain qui, depuis bientôt deux décennies, étouffe Gaza et plonge ses habitants dans une détresse indescriptible. Ce n’est pas seulement une attaque contre un bateau : c’est une agression contre l’humanité entière, contre le droit international, contre l’idée même de solidarité. Gaza n’est plus une prison à ciel ouvert mais un cimetière, un charnier que plus personne, même les soutiens indéfectibles au gouvernement israélien d’extrême droite, ne peut nier.
Ce scandale ne doit pas rester sans réponse. L’interception du Madleen dans les eaux internationales est une violation flagrante du droit maritime, un acte de piraterie d’État perpétré par un gouvernement israélien qui, sous la houlette de Benyamin Netanyahou, assume sans honte sa logique jusqu’au-boutiste. Cette arrestation est illégale car elle bafoue la liberté de navigation et la liberté de venir en aide à un peuple qui subit un massacre, un nettoyage ethnique, un génocide. Pourtant, face à ce forfait, le silence d’Emmanuel Macron et des dirigeants européens est assourdissant. Leur inaction tient de la complicité tacite avec un régime qui, jour après jour, multiplie les crimes contre le peuple palestinien et bafoue le droit international. Pourquoi Netanyahou arrêterait-il ? C’est le silence qui accompagne chacune de ses transgressions de la légalité internationale. Pourquoi alors se priverait-il d’un kidnapping de plusieurs de nos ressortissants, dans les eaux internationales ?
La voie de la justice et de la paix
Gaza est détruite, Gaza est asphyxiée, Gaza se meurt mais plus personne ne peut, ne doit garder le silence.
Depuis octobre 2023, l’ONU recense dans l’enclave palestinienne plus de 53 000 morts, dont 14 500 enfants, victimes des bombardements indiscriminés. Ce siège, qualifié d’illégal par de nombreux juristes, est une punition collective qui prive 2 millions de personnes d’accès à l’eau, à la nourriture, aux médicaments et à la dignité. L’Organisation mondiale de la santé alerte : le système de santé s’est effondré, et 100 % de la population survit sous la menace de famine. Ce n’est pas une crise humanitaire naturelle, mais une catastrophe orchestrée par un État qui, sous prétexte de « sécurité », nie le droit à l’existence d’un peuple et veut simplement le rayer de la carte pour expulser les Gazaouis vers les pays arabes voisins.
Dans un monde de domination, de violences, de surarmement, de logiques bellicistes, la flottille de la liberté incarne une autre voie : celle de la solidarité, de la fraternité, de la non-violence, de la justice et de la paix. Les douze militants arrêtés doivent être protégés et libérés au plus vite. Mais surtout, l’aide humanitaire de plus de 9 000 camions qui attendent aux frontières de Gaza doit pouvoir rentrer, un couloir humanitaire ouvert et sécurisé doit être instauré et un cessez-le-feu durable doit être conclu. Les otages doivent retrouver leurs familles. Les prisonniers politiques palestiniens également. Le 17 juin, le silence devra se transformer en un acte fort : que la France reconnaisse enfin l’État palestinien.