Hausse des températures, acidification, surexploitation des ressources, déversement d’hydrocarbure, pratiques destructrices dans des eaux protégées, pollution plastique formant un 7ème continent…. les océans et les mers du monde entier souffrent et subissent des pressions anthropiques.
Au printemps dernier, la température moyenne des mers a atteint son deuxième niveau le plus élevé jamais enregistré, selon le service Copernicus de l’Union européenne. Parallèlement, la planète traverse le plus important épisode de blanchissement corallien de l’histoire moderne — des Caraïbes à l’océan Indien, en passant par le Pacifique, preuve de l’immensité et de la globalité du problème.
Cette vulnérabilité alors que les océans sont essentiels à la nature et le vivant, nous invite à les protéger activement. Ils couvrent aujourd’hui 70,8 % de la surface de notre planète et représentent 97% de l’eau sur terre.
Fort de ce constat inquiétant, un 3ème sommet mondial (UNOC-Conférence des nations unies sur l’océan), sous l’égide de l’ONU, co-présidé par la France et le Costa-Rica est organisé du 9 au 13 juin, à Nice.
Après deux précédentes éditions à New York (2017) et à Lisbonne (2022), aux effets et retentissements plus que limités, la France vise plus d’ambition. Le but est notamment de mettre en œuvre l’objectif de développement durable n°14 de l’ONU, qui reste le moins bien financé de tous, afin de « conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable ».
160 délégations sont attendues. Alors que les Etats-Unis sont la première puissance maritime mondiale leur présence n’est à ce jour toujours pas confirmée, preuve du climato scepticisme qui règne au plus haut niveau de la Maison-Blanche, renforcé par les attaques récentes contre les sciences et la recherche.
Donald Trump a déjà bien à faire avec les gays, les trans, les migrants et autres minorités.. comment pourrait-il avoir le temps de se préoccuper de ce qui se passe vingt mille lieues sous les mers ?! Et au nom de quoi des poissons et des coraux seraient-ils plus importants que les retombées économiques liées à la pêche industrielle et à l’exploitation de ressources minières sous-marines?! Cette caricature n’est peut-être pas si éloignée de la pensée trumpiste en la matière, prouvant, quoi qu’il en soit, que le chemin est encore long avant de faire de la préservation des océans, un enjeu mondial partagé. Le capitalisme totalement dérégulé, de l’espace aux fonds marins, qui détruit, s’accapare les richesses et les ressources.
On sait combien les militants écologistes, les lanceurs d’alertes sont des proies pour certaines autorités. Souvenons-nous de l’arrestation et de l’emprisonnement en juillet dernier, de Paul Watson, fondateur de l’ONG Sea Shepherd, alors en pleine expédition pour protester contre la chasse baleinière en plein Antarctique. Le bateau de Greenpeace vient quant à lui, d’être ni plus ni moins interdit d’entrer dans le port de Nice, sur décision du préfet et du Maire Christian Estrosi.
Quant à Claire Nouvian, directrice générale de Bloom et ardente défenseure des océans et en lutte contre les lobbys de la pêche industrielle, son domicile vient d’être vandalisé, à quelques heures de l’ouverture du sommet.
Les résistances face aux défenseurs de l’environnement et la cause écologique sont là. La France est loin d’être exemplaire puisque si l’accord mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal fixe un objectif de 30 % de la surface maritime protégée d’ici à 2030, la protection des océans ne semble pas être une priorité gouvernementale puisque la Ministre de la transition écologique refuse, par exemple, d’interdire totalement la pêche dans les aires marines protégées. Un rapport récent explique que les chaluts de fonds, qui utilisent des filets lestés sur le plancher océanique pour capturer des poissons, représentent 12% des 6.200 navires de pêche en France, mais sont responsables à 93% de l’abrasion de la surface des fonds marins ! Toujours d’après ce rapport, au total, 674.000 km² sont raclés chaque année en France, soit l’équivalent de la superficie du territoire terrestre. C’est une véritable destruction maritime qui s’opère en toute impunité.
Les océans sont des écosystèmes fragiles mais riches d’une biodiversité immense. C’est notre bien commun, vital pour l’humanité. Si rien n’est fait, c’est l’avenir de toutes les espèces vivantes qui est menacé.
Ce sommet des océans que rien ne contraint à la signature d’un traité international à l’issue des négociations, devra être suivi d’effets et de décisions. Rien ne serait pire qu’un sommet qui cherche à noyer le poisson et à ne pas faire de vagues…