Loi Duplomb : Qui sème la colère récolte des signatures

22 Juil 2025

Le gouvernement pensait pouvoir passer l’été tranquille après l’adoption de la loi dite Duplomb.  

Lui qui s’était pourtant arrangé avec la Constitution pour passer outre les débats au Parlement et faire adopter cette loi aux forceps, se retrouve désormais avec une opposition encore plus grande qu’auparavant. Car il est faux de dire au peuple que la démocratie s’est exprimée la loi ayant été votée. Les conditions d’examen de ce texte et les manœuvres de contournement de la Constitution sont tout sauf démocratiques. Et le peuple l’a bien compris et reprend son destin en main pour que soit respecté le 1er de la charte de l’environnement de 2004, adossée à la Constitution« Chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé. »

En effet, la pétition citoyenne déposée sur la plateforme des pétitions de l’Assemblée Nationale a récolté déjà plus d’1,6 million de signatures, en quelques jours. Et ce chiffre ne cesse de progresser. Du jamais vu pour une telle initiative, preuve que ce sujet et la façon dont le gouvernement l’a traité suscitent colère et inquiétude. 

Des citoyens et citoyennes de toute la France se mobilisent par cet outil de démocratie directe, pour s’opposer à cette loi. Le droit de pétition est encadré par le règlement de l’Assemblée Nationale et les pétitions doivent recueillir a minima 500 000 signatures, et être issues d’au moins 30 départements ou collectivités d’outre-mer, pour qu’un débat puisse être décidé et être organisé à l’Assemblée Nationale. Ces conditions sont largement réunies. 

On disait le peuple atone, défaitiste, résigné, le voilà mobilisé et déterminé ! Et c’est ce rapport de force qui va pouvoir permettre de changer les choses. Le gouvernement l’a déjà prouvé et peut à nouveau ne pas tenir compte de l’avis des citoyens et citoyennes. Mais il portera une très lourde responsabilité. 

Cette dynamique citoyenne prend le relais complémentaire de parlementaires qui se sont opposés à la loi. C’est bien la conjugaison de la rue et de l’hémicycle qui peuvent faire bouger ! Le gouvernement ne semble guère jusqu’ici prendre la mesure de cette révolte, mais cela risque d’être un énième caillou dans sa chaussure. 

Les éléments de langage sont rodés, les citoyens n’auraient pas bien compris en réalité les enjeux. Certains ‘’journalistes’’ ont beau tenté de décrédibiliser les opposants en les qualifiant de fascistes, ce sont pourtant bien 22 sociétés savantes médicales, la ligue contre le cancer, le conseil scientifique du CNRS, des centaines de médecins et chercheurs, la fondation pour la recherche médicale, la fédération des régies d’eau potable etc qui ont pris position contre cette loi et qui alertent sur les dangers. Non, cette loi ne souffre pas de désinformation ! 

Elle souffre de la minimisation du rôle de l’ANSES pour émettre des avis scientifiques objectifs, réellement indépendants qui ne cherchent pas de fausses excuses ! 

Elle souffre de la banalisation des méga-bassines dont l’installation va être désormais être facilitée alors qu’elles suscitent beaucoup d’opposition et contribuent à alimenter un modèle agro-industriel dévastateur pour les milieux naturels. 

Elle souffre des lobbys agro-industriels qui défendent leurs intérêts économiques plutôt que l’intérêt général. Elle souffre de défendre une agriculture intensive, de la réintroduction d’un pesticide néonicotinoïde, l’acétamipride, interdit depuis 2018 néfaste pour l’environnement. Les arguments utilisés, au nom de la garantie de la souveraineté alimentaire, sont déloyaux et ne peuvent être antinomiques de la sécurité sanitaire. 

Les dangers des pesticides pour la santé humaine ont été démontrés avec une hausse des cancers notamment pédiatriques et des maladies liées aux pesticides. Les conséquences sur la destruction de la biodiversité ont également été prouvées. 

Que des collectifs, des ONG, des médecins, des agriculteurs se mobilisent contre les ‘’alliés du cancer’’, pour reprendre les termes de Fleur Breteau, est une bonne nouvelle pour la vivacité de la démocratie. 

Le gouvernement ayant enfumé le peuple et le parlement tout l’hiver, se trouva fort dépourvu et empoisonné lorsque la pétition fut venue. 

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