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Et nos frères pourtant

Fabien GAY

16 févr. 2023

Que serait la France sans l’apport précieux de générations entières d’immigrés. Elles ont façonné son évolution, son histoire, notamment depuis l’ère industrielle. Elles ont contribué de manière décisive aux heures de gloire de notre pays.

C’est pourquoi nous ne pouvons taire les heures tragiques de la période esclavagiste, ou plus proches de nous, du colonialisme. Du monde des arts et de la culture jusqu’à la science, en passant par la mode, la politique ou encore le sport, les immigrés ont pleinement participé au développement et au rayonnement de la France. C’est surtout après-guerre quand des centaines de milliers de travailleurs et travailleuses immigrés de la classe ouvrière ont pris une part active à la reconstruction du pays, contribuant pleinement à sa prospérité. 


Ils furent de toutes les luttes d’émancipation, de la fondation de la Patrie à la Commune de Paris, dans les guerres - pensons au sacrifice des Tirailleurs - où leurs origines et leur couleur de pean n’importaient plus. Alors que l’immigration est un atout pour notre pays, les pires attaques sociales, les divisions visent régulièrement et avant tout les étrangers. Depuis le ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale sous Nicolas Sarkozy, les agressions se font plus régulières, plus violentes. L’immigré est sans cesse stigmatisé, présenté comme un potentiel danger, l’extrême-droite et une partie de la droite, qui n’a de républicain que le nom, l’assimilant à la délinquance voire au terrorisme. 


Alors que le gouvernement s’apprête une nouvelle fois à faire débattre d’un projet de loi sur l’immigration qui vise à restreindre davantage le droit des étrangers vivant en France ou désirant s’y installer, le président Emmmanuel Macron envisagerait, à juste raison, de faire rentrer les cendres de Missak Manouchian au Panthéon. 


Missak et les 22 autres membres des FTP-MOI de l’Affiche rouge étaient étrangers, communistes, résistants face à l’occupation nazie. Missak Manouchian, qui avait fui le génocide arménien, a donné sa vie pour libérer la France. Un pays qu'il voyait comme "terre de la révolution et de la liberté."  Quel juste retour des choses et quel magnifique symbole que son entrée au Panthéon aux côtés de Jean Jaurès, Victor Hugo, Marie et Pierre Curie, Joséphine Baker. À l’heure où les extrêmes-droites activent leurs thèses fumeuses et xénophobes de « Grand Remplacement », d’une nation ethnique fantasmée basée sur le droit du sang, la panthéonisation de Missak Manouchian ferait honneur à ce peuple, trop souvent invisibilisé et qui tient le pays debout, des travailleurs immigrés que nous côtoyons chaque jour.  

Ces étrangers dont l’humanité est trop souvent remise en cause à nos frontières. Un Missak Manouchian aurait rencontré tant de difficultés pour trouver asile aujourd’hui dans l’Europe forteresse.


Et nos frères pourtant… N’oublions jamais que notre triptyque  républicain « Liberté, Egalité, Fraternité » ne peut souffrir d’aucun « mais ». L’immigration n’est vue aujourd’hui que par le prisme d'un problème. Trop peu veulent réellement s’attaquer aux causes de l’exil. Partir de chez soi est toujours une déchirure, un déracinement. Nous n’avons pas une crise migratoire devant nous, mais une crise de l’accueil. 


Aux antipodes de l’égoïsme et de dangereux calculs racistes, nous devons accueil et fraternité à tous les réfugiés qui fuient les guerres, la misère et les oppressions, sans distinction, car nous sommes une seule et même humanité.

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