
Fabien GAY
2 juin 2022
Si le camp présidentiel s’enorgueillit d’une baisse du chômage, en omettant de compter celles et ceux qui ne perçoivent plus d’allocations suite à la première version de la réforme de l’assurance chômage que l’on doit à Elisabeth Borne, les prévisions de croissance en berne annoncent une stagnation économique inquiétante. Si l’on y ajoute une inflation qui ne tient pas, en grande partie, aux conséquences de la guerre, mais bien à de la pure spéculation, nous avons là un cocktail antisocial explosif dont les premières victimes seront et sont déjà les classes populaires et moyenne du pays.
L’INSEE a mesuré l’inflation à + 4,8% pour les douze derniers mois. La hausse des prix touche à ce jour plus de 90% des produits et a atteint plus de 1,4% sur le seul mois d’avril. Les pâtes, les viandes, les farines et l’huile ont pris 10% d’augmentation, alors que dans le même temps, les scandales sanitaires dans l’industrie agroalimentaire sur des produits prisés des familles populaires leur font subir une double peine. Pour répondre à cette urgence sociale, et conformément aux dispositions du Code du travail lorsque l’inflation dépasse 2%, le SMIC a été revalorisé de 34 euros. Une augmentation nettement insuffisante pour des millions de Français·e·s qui ne peuvent plus remplir leur caddie au 15 du mois et vivre dignement de leur salaire.
Pourtant, si la pandémie a creusé les inégalités et fait basculer des millions de personne dans le monde d’une situation de précarité à la pauvreté, il existe une minorité de gagnants. On compte un nouveau milliardaire sur la planète toutes les 30 heures, comme l’a révélé le dernier rapport d’Oxfam. Pendant que des millions de personnes ont du mal à payer leurs factures d’énergie qui s’envolent, les bénéfices des entreprises énergétiques ont explosé au 1er trimestre 2022 : +250% ! Pourtant, le nouveau gouvernement Borne ne semble pas vouloir dévier de sa feuille de route. S’il réfléchit à un projet de loi sur le pouvoir d’achat en juillet, pour saupoudrer la misère, il prépare surtout le rouleau-compresseur antisocial qu’il souhaite dérouler rapidement : retraite à 65 ans, RSA conditionné au travail gratuit, Grande sécurité sociale pour confier au privé une partie des 530 milliards d’euros de cotisations. Et hors de questions de toucher aux bénéfices des multinationales ou des milliardaires qui sont les grands bénéficiaires de la période Covid. Après le chômage partiel ou les licenciements, se seront aux travailleuses et travailleurs de payer le « Quoi qu’il en coûte ».
Les macronistes ne répondront donc ni à l’urgence sociale, ni d’ailleurs à celle de sauvegarder la planète, comme le démontre le GIEC. Mais il n’y a pas de fatalité à ce que le scénario dont rêvent les puissances de l’argent, aidées en cela par les macronistes et leurs satellites alliés de la droite en décomposition, se déroule sans accroc.
Les 12 et 19 juin prochains auront lieu les élections législatives. Et une autre force peut s’imposer, celle des forces de gauche et écologistes unies sous la bannière de la NUPES. Au contraire de la majorité présidentielle, elle propose de porter immédiatement le SMIC à 1500 euros, de revenir à la retraite à 60 ans, de nationaliser EDF et Engie pour créer un grand service public de l’énergie et de redonner vie, sens, et moyens à tous les services publics de fonctionner sur tous le territoire pour assurer l’égalité républicaine.
L’espoir est là ! Partout, les candidates et candidats de la NUPES rencontrent un écho positif. Il faut maintenant amplifier les mobilisations populaires pour porter cet espoir pour nos vies et la planète, en élisant le maximum de députés communistes, insoumis, socialistes et écologistes à la prochaine Assemblée nationale. Leur victoire ne peut avoir lieu que dans et par la mobilisation populaire. Dans les urnes évidemment mais aussi dans l’intervention citoyenne, par les luttes d’aujourd’hui et de demain. N’en déplaise aux libéraux effrayés par cette alliance électorale, il est temps de sortir du logiciel du tout-marché et de la concurrence libre et non faussée, pour ouvrir une nouvelle ère de progrès et de justice sociale et écologique.