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Le Football, populaire et universel

Fabien GAY

22 nov. 2022

Populaire et Universel. Si des sports ont des qualificatifs qui leur donnent un prestige (le noble art pour la boxe) ou que des compétitions rassemblent au-delà de ses seuls amateurs comme la Grande boucle pour le Tour de France ou les Jeux Olympiques et Paralympiques, c’est bien le football qui mérite de se voir apposer ces adjectifs.

Il est le seul sport dont la compétition mondiale peut reléguer, le temps d’un match, les problèmes qui traversent la planète. Pourquoi ? L’histoire de ce sport inventé par les Anglais, les flux commerciaux et de populations ont contribué à diffuser cette pratique au point d’être un élément phare de la mondialisation contemporaine.


Il est le sport des damnés de ce monde, celles et ceux qui n’ont rien et aspirent à la gloire, à l’ascension fulgurante. Il est ce sport qui se compte en centaines de millions, voire de milliards de pratiquants. Il se bricole sur n’importe quel terrain, à la seule condition d’avoir un ballon. Il permet souvent les moments de rassemblement, de communions populaires et déchaîne les passions du match niveau amateur le dimanche à 15 heures jusqu’à la finale de Ligue des Champions. 


Sport ouvrier, honni pendant longtemps d’une certaine classe dominante, comme le résume le célèbre adage « le football est un sport de gentlemen joué par des voyous [quand] le rugby est un sport de voyous joué par des gentlemen », le ballon rond génère la fierté de nombreux quartiers et villes populaires d’où viennent les plus grandes étoiles.


Alors bien sûr, le football est gangréné, dans sa sphère professionnelle mais aussi dans la détection, la formation par le pire de ce monde : la concurrence sauvage, l’exploitation, la loi de l’argent jusqu’à l’excès. La Coupe du monde de cette fin d’année au Qatar est ainsi l’illustration d’institutions internationales du football corrompues, doublé d’un scandale social avec les 6.500 ouvriers morts sur les chantiers et écologiques avec des stades climatisés en plein désert…


Il est aussi parfois prétexte à la violence et à la haine, aux propos racistes dans les tribunes notamment.  Mais ce sport n’est pas en dehors de la société et incarne les contradictions de ce monde. On ne peut demander au football de résoudre seul des problèmes qui se posent dans l’ensemble de la société et qui nécessitent des moyens et un combat politique de chaque instant.


Le football mérite mieux que les raccourcis réduisant ces sportifs de haut niveau à des personnes désintéressées voire carrément décérébrées pour les critiques les plus malhonnêtes, alors qu’un certain nombre de sportifs s’engagent pour des causes comme la paix, ou contre l’homophobie ou le racisme. Si le football professionnel est gangréné par l’argent, les contrats publicitaires ou de retransmissions des droits TV, le football évolue avec son époque et il se veut plus inclusif, participatif, adapté aux attentes du public.


La réalité du football et de son caractère populaire, ce sont bien ces structures locales qui le font vivre chaque jour avec les éducateurs qui transmettent plus que les simples aspects du jeu mais des valeurs de solidarité, de partage, des bouts de vie et des histoires humaines.


La réalité du football populaire, c’est aussi une histoire de figures, de grands moments heureux ou tragiques. De Maradona, icône et véritable rock star du ballon rond à l’équipe de football du FLN, des Corinthians de Socrates ou des plus belles équipes (Ajax, Barcelone, Milan, Brésil), tout le monde a un souvenir ou une image en tête. Pour ma part, je garderai longtemps en mémoire, la demi-finale retour de l’UEFA de 1996, qui ont vu les Girondins terrassé le grand Milan AC, avec le doublé de Dugarry et le but de Tholot.


Tout au plus ce football mériterait-il d’être contesté dans son caractère universel par le fait que la moitié de l’humanité en a longtemps été exclu. Mais la donne change vite : rien qu’en France, le nombre de jeunes femmes licenciées est passé de 90 000 en 2010 à presque 200 000 aujourd’hui. Des collectivités locales avec les clubs avancent chaque jour pour féminiser la pratique. Gageons que cela contribue à faire évoluer les mentalités en faisant avancer l’égalité, et pourquoi pas agir un jour à faire du football un sport mixte.


Parce qu’il est populaire et universel, le football mériterait d’être un bien commun, partagé et géré par celles et ceux qui le font vivre au quotidien : joueurs d’abord, amateurs, supporteurs, clubs. Construisons un véritable football et au-delà un sport, populaire, démocratique, dégagé des lois de l’argent. Chiche ?

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