
Fabien GAY
15 juin 2023
Apaiser ou diviser ? On ne sait plus ce que recherche vraiment l’exécutif durant ces 100 jours. Minoritaire, devenu autoritaire, il semble qu’il ait ressorti une vieille ficelle éculée pour sortir de l’asphyxie des derniers mois : l’immigration serait responsable de tous les maux.
Mais cette nouvelle tentative de division semble révéler bien autre chose, comme un changement de logiciel au sommet de l’Etat et en Europe, mis sous pression par des énièmes coups de menton de l’extrême-droite et d’une grande partie de la droite républicaine.
Les libéraux ne gouvernent décidément pas de la même manière avec un mouvement ouvrier puissant, solidaire et victorieux, et quand l’extrême-droite est présente au second tour de l’élection présidentielle pour la troisième fois en vingt ans. Et qu’elle instille ses idées dans le débat public, aidée en cela par des réseaux actifs qui instrumentalisent le moindre drame.
Posons la question clairement : y a-t-il un problème de l’immigration en France ? Si oui, c’est bien celui du déni de droits qu’on fait subir à ces populations immigrées, confrontées à un racisme de plus en plus décomplexé. En réalité, on attaque un principe fondamental : l’universalisme. En remettant en cause l’accès à des droits fondamentaux comme l’accès à la santé, le droit au travail ou le droit d’asile, ce sont nos principes républicains qui sont attaqués.
Les droites et leur extrême parlent de « submersion », mettent un trait d’égalité entre immigration et délinquance ou agitent encore le « coût de l’immigration » qui serait une charge financière pour la nation. Des mensonges répétés mille fois n’en font toujours pas une vérité. Ces affirmations grossières et mensongères ne servent qu’à nourrir leur fond de commerce rance et raciste.
Derrière les mots, il faut rappeler une évidence. Nous parlons d’êtres humains, qui ont souvent fui la guerre, la misère ou l’oppression au péril de leur vie quand ils sont aux mains de passeurs qui s’enrichissent sur des parcours de vie brisés.
Notre devoir est déjà, dans un premier temps, de les accueillir dans la dignité et le respect. Il est d’ailleurs assez surprenant que peu s’émeuvent des taux de refus importants pour des ressortissants de pays tels que l’Afghanistan, le Bangladesh, la Turquie, la Géorgie ou encore la République démocratique du Congo. Parce que l’immigration ne se réduit pas aux demandeurs d’asile, nos frères et sœurs d’humanité participent à la vie de la cité et sont partie prenante de nos vies associatives dans les villes, occupent les emplois les plus difficiles, aux horaires souvent décalés. Essentiels à la nation, ils sont aussi beaucoup plus touchés par les petits salaires et par la précarité, victimes de l’austérité qui frappent les services publics. Enfin, ils subissent de plein fouet le racisme, alors qu’ils deviennent, majoritairement, Français. Quand les réactionnaires parlent d’immigration, ils évoquent en réalité nos compatriotes, souvent issus de parents nés au Maghreb ou en Afrique subsaharienne, et qui sont, encore, renvoyés à ce thème alors qu’ils sont nés en France. Ils sont les cibles privilégiées de cet arc antirépublicain, qui rêverait de mettre une hiérarchie entre les enfants de la République. Les racistes en profitent souvent pour cracher leur haine islamophobe, préjugeant que nos enfants de la République ont une appartenance réelle, supposée ou préjugée, musulmane, en faisant un amalgame honteux entre islam et terrorisme.
Plus que des mots, il faut entrer dès maintenant en action pour battre en brèche un nouveau projet régressif contre les droits des migrants qui porte atteinte à nos fondements républicains et aux droits de tous les enfants de la République.