
Fabien GAY
26 juil. 2022
C’est donc par le biais d’une OPA sur les actions qu’il ne détient pas, à hauteur de 9,7 milliards d’euros, que le gouvernement revient à la charge pour procéder à un possible démantèlement d’EDF.
Point de loi de nationalisation, donc, mais un rachat par le marché… et pour le marché. Et pour cause ; l’objectif du gouvernement n’est pas de ramener l’énergie dans le giron de l’Etat mais bien d’avoir les mains libres avec l’électricien, sous couvert de mise en œuvre du programme nucléaire et de déploiement des énergies renouvelables. Une OPA donc, pour racheter les 15,9% d’actions détenues par les actionnaires minoritaires, les collectivités et les salariés de l’entreprise, qui sont un caillou dans la chaussure de l’Etat.
Cette OPA est la première phase d’une restructuration plus vaste. Si la constitution d’un pôle public de l’énergie est urgente, l’énergie étant un bien commun nécessaire à tous et relevant donc du service public, ce n’est pas l’option retenue. Le projet du gouvernement est de sortir EDF de la Bourse, mais certainement pas de sortir l’énergie du marché européen ou d’en finir avec le système abscons de l’Arenh.
Les premiers projets de restructuration, « Hercule » puis plus modestement mais sensiblement identique, le « Grand EDF », prévoyaient une vente à la découpe de l’entreprise, et notamment des ENR ou encore d’Enedis. Rien n’est dit sur ce nouveau projet, renvoyé à discussions avec la Commission européenne. Mais il y a fort à parier qu’il ressemblera aux deux précédents — avec la différence notable que cette fois, on étatise d’abord pour privatiser dans un second temps.
Les crédits nécessaires à l’OPA seront soumis au vote du Parlement dans la loi de finances rectificatives pour 2022 et sa finalisation est prévue pour l’automne. On demande donc au Parlement de voter des crédits sans connaître précisément le projet. Ce que demande le gouvernement, c’est un blanc-seing pour réaliser le projet qu’il a décidé sans consulter, sans informer, sans débat dans une opacité totale et au fond, dans un mépris total des salariés et des usagers. Ce nouveau quinquennat ressemble donc fort au précédent.