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Ne payons pas le prix fort

Fabien GAY

22 sept. 2022

L’inflation est là et elle est même durablement installée. La reprise économique post-Covid en 2021 avait alors mécaniquement augmenté les prix de l’énergie (déjà) et des matières premières. Les logiques de guerre commerciale et la guerre en Ukraine, avec deux belligérants impliqués dans l’exportation de ressources essentielles de l’économie mondiale, ont fait le reste.

Bien évidemment, le gouvernement affirme agir, avec la loi pouvoir d’achat votée cet été avec la droite et l’extrême droite. La prime Macron ? D’un montant maximal de 3 000 euros, elle est en moyenne de 400 euros pour les 5 millions de salariés qui l’ont perçue, quand 14 millions en restent exclus. Le rachat des RTT ? Un leurre pour augmenter le temps de travail et ne pas augmenter les salaires. Le bouclier tarifaire ? Un geste certes, mais les factures d’énergie vont tout de même augmenter de 15 % en 2023 !


La hausse des taux d’intérêt décidée par la Banque centrale européenne n’est pas anodine. Si l’inflation est officiellement ciblée, elle vise à freiner toute revendication salariale, idée discréditée par la doxa libérale, car elle alimenterait une « boucle salaires-prix ». Pourtant, malgré les hausses automatiques du Smic, indexées partiellement sur l’inflation, 89 % des branches professionnelles ont un salaire de base en dessous du salaire minimum.


Pendant ce temps, les comptes en banque des classes populaires et moyennes ressemblent à des paniers percés. Il faut dire qu’avec une inflation moyenne à 5,9 % sur un an, avec des marques premier prix en hausse de 11,4 %, dont les pâtes qui grimpent de 19 %, les difficultés sont immenses. Rallumer son chauffage constituera un dilemme autant qu’une crainte. La sobriété, proclamée comme nouvel étendard, est déjà subie par beaucoup, dont 12 millions de personnes qui sont en situation de précarité énergétique.


Pourtant, les camps libéraux et réactionnaires vont continuer leur œuvre de destruction sociale avec les contre-réformes des retraites (peut-être sans débat, par un simple article au projet de loi de financement de la Sécurité sociale), de l’assurance-chômage, la pénalisation des allocataires du RSA. Alors que la récession guette, ces orientations visent avant tout à préserver les revenus du capital.


Cette spirale inflationniste doit nous imposer de préparer les grands changements de demain : adapter nos économies aux changements climatiques, faire des ressources essentielles des biens communs pour les sortir du marché et en finir avec les logiques spéculatives et de rentabilité.


Augmenter les salaires devient une mesure évidente et primordiale. L’obtention de cette hausse sera avant tout le fait des luttes sociales, dont les 22 et 29 septembre doivent être la rampe de lancement.


Sur l’enjeu énergétique, la sortie du marché européen de l’électricité, indexée sur le prix du gaz, doit être la priorité. Il est possible de nationaliser EDF et GDF en s’appuyant sur les savoir-faire des travailleurs du secteur pour en faire un grand service public qui permettrait d’agir structurellement sur les tarifs aux usagers.


Taxer les superprofits, proposition commune du PCF et des forces qui composent la Nupes, devient une nécessité, premier jalon de la remise en cause des logiques prédatrices des actionnaires.


Pour aujourd’hui et pour demain, il faut changer radicalement de logiciel, dépasser le capitalisme pour construire le communisme du XXIe siècle, au risque de payer au prix fort les crises qui émergent.

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