Position de la France sur l’usage de la technologie de stockage carbone

3 Juin 2025

M. Fabien Gay attire l’attention de M. le ministre auprès du ministre de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de l’industrie et de l’énergie sur les annonces de la commission européenne en matière de Carbon Capture & Storage.

La méthode de stockage carbone, dite «Carbon Capture & Storage» (CCS) est supposée permettre la captation, le transport et le stockage du CO2. Malgré les doutes scientifiques persistants sur la viabilité de cette technologie, la Commission européenne envisage d’en créer un marché européen à partir de 2030, alors que peu de progrès technologiques ont été réalisés depuis 50 ans. En effet, cette technique de stockage est supposée permettre d’atteindre l’objectif « net zero » d’ici 2050. Pour s’imposer à l’agenda européen, le secteur des CCS a bénéficié, ces dernières années, d’une forte stratégie de lobbying auprès des institutions.

Malgré les risques environnementaux pour les sous-sols des pays européens, et alors que cette solution est jugée moins efficace que l’électrification ou le développement des ciments bas carbone pour réduire les émissions industrielles, elle reste celle qui a les faveurs de la Commission européenne, puisqu’à défaut d’être la plus vertueuse et efficace, elle serait la moins coûteuse. En effet, il faut souligner que cette technologie, comme quasiment toutes celles ayant trait à la décarbonation de l’industrie, serait financée essentiellement via des aides publiques européennes ou nationales, puisque les banques restent frileuses à soutenir ces projets hasardeux et peu rentables (car le CO2 stocké sous terre ne génère pas de revenus).

En 2024, le think-tank Institute for Energy Economics and Financial Analysis chiffrait à 10 milliards d’euros l’investissement public nécessaire pour faire émerger ce marché européen de stockage carbone d’ici à 2050, et des annonces indiquent qu’Ursula Von Der Leyen s’apprête à lancer un travail visant à assouplir le cadre des aides d’État dédiées au CCS. Cette projection interroge : en lieu et place d’une véritable politique environnementale qui prenne en compte les impératifs nés du dérèglement climatique, cette solution permettrait aux grands industriels de continuer l’exploitation de technologie basées sur les énergies fossiles et de repousser toutes les réflexions urgentes sur une modification de nos modèles de production et de consommation.

Face aux interrogations que soulèvent le développement de cette technologie encore peu mature, il interroge le ministre sur la stratégie que la France entend développer en matière de CCS, notamment son positionnement suite aux annonces de la commission européenne.

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