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Crépol : bal tragique, instrumentalisation raciste

Pour certains, la décence est un terme qui ne veut rien dire. Depuis l’assassinat du jeune Thomas dans un bal de village à Crépol, l’effroi nous saisit. Nous pensons à cette vie disparue, à cette famille brisée et ses amis, les témoins de la scène traumatisés. Que le meurtre soit médiatisé est une chose car nous déplorons la perte d’une vie humaine et qu’on peut s’identifier à ce jeune homme. Que les instrumentalisations, les amalgames nauséabonds soient la norme ne peut par contre être toléré.


A peine le sang séché, les prophètes en guerre civile ont alimenté la mécanique de la haine. Les coupables sont tous trouvés : puisqu’on cache les prénoms des suspects, c’est qu’il y aurait une volonté (mais de qui et dans quel but ?) de ne pas révéler l’évidence. Ce sont des personnes issues de l’immigrations, aux « prénoms étrangers ». La boucle est bouclée : pour commenter un meurtre, les représentants de l’extrême-droite sont invité à déverser leur logorrhée alors que l’enquête n’est toujours pas terminée.


Avant de comprendre comment le drame s’est déroulé, de recueillir les témoignages, il faut savoir qui sont les commanditaires et leurs origines. Renvoyer les actes à une origine, une culture pour expliquer un comportement : voilà une essentialisation qui mène au racisme. Oui, au racisme, car l’extrême-droite qualifie de « razzias », de « francocide », des « attaques sur des villages ». Les suspects ne sont plus Français, ce sont des soldats d’une guerre civile en germe venus détruire la civilisation française. Rien que ça !


Des mots aux actes, des individus et groupuscules d’extrême-droite sont venus à Romans-sur-Isère dans le quartier d’origine des suspects vomir leur haine. Il ne s’agissait pas d’une manifestation mais d’une ratonnade en bonne et due forme comme l’atteste déjà les premiers éléments où des boucles de discussions impliquant des militants de ces mouvances indiquent vouloir chercher des personnes d’origine maghrébine. Armés de barres de fer, cagoulés, ces opérations, qui se sont multipliées depuis dans plusieurs villes de France, en disent long sur le climat de haine qui traverse notre pays.


Beaucoup de commentateurs présentent ces mouvances comme étant « l’ultradroite ». Non, c’est l’extrême-droite, telle qu’elle est : raciste, violente, opportuniste pour attiser la haine. Elle n’a pas changé et reste toujours liée de la boutique que le Rassemblement nationale veut laisser au fond de la pièce de sa belle vitrine. Tous ces groupes sont liés et ont chacun leur rôle : au parti RN les sous-entendus sur l’instrumentalisation, Reconquête l’outrance et les groupuscules pour la violence.


Sur tous les sujets, il s’agit de faire passer l’idée que l’immigration et l’islam seraient les maux de notre société qui serait rongée de l’intérieur. Ce sont les mêmes qui en appellent au respect de l’ordre qui foulent aux pieds les principes élémentaires de procédure, d’enquête et veulent prendre à partie toute une population d’un quartier elle aussi bouleversée par ce meurtre.


Oui, il y a de réels problèmes de violences, de délinquances. On ne peut les renvoyer à l’idée d’immigration et on voit bien d’ailleurs que pour l’extrême-droite, une partie de la droite, on peut renvoyer un individu à ses origines pour plusieurs générations. Ce discours d’un ennemi intérieur, au service d’un projet de destruction de la société, est typique des discours rances de l’extrême-droite. Honte aux médias, éditorialistes qui ont laissé cette parole libérée sur les plateaux télévisuels. Que font le gouvernement et les régulateurs des réseaux sociaux pour empêcher la diffusion de fausses informations et les appels à la haine ?

Il est clair que le capital fait le choix de laisser prospérer ce genre de propos et d’analyses nauséabondes dans l’espace public pour fracturer toujours plus la société. Après avoir reçu un blanc-seing à la marche contre l’antisémitisme, l’extrême-droite peut avancer ses pions de respectabilité et banaliser ses idées abjectes. Dans le même temps, les tags de mosquées, les inscriptions de croix gammées et les actes antisémites se déploient quotidiennement.


Il est du devoir des organisations de progrès, démocratiques de battre en brèche ce climat vicié et d’en appeler à la justice et à la dignité. L’enquête sur l’assassinat du jeune Thomas doit se faire dans le calme. Respectons les proches du jeune homme, les témoins, forcément meurtris par cette tragédie. Le temps de la justice est long mais les suspects, s’ils venaient à être déclarés coupables, sont aussi des jeunes. Ils doivent être jugés selon les critères d’une justice des mineurs pour certains et n’en déplaise aux vautours qui prospèrent sur l’horreur, ces individus sont aussi la démonstration d’une société en échec. Aucun jeune ne doit mourir dans une fête ni dans une bagarre et aucun quartier, ni aucune population ne doivent être jetés à la vindicte populaire.


La justice est notre meilleure arme pour sanctionner et réparer.

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