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Droit à l’avortement aux Etats-Unis: liberté pour les femmes !

Près de 50 ans après l’arrêt de la Cour suprême étatsunienne dit Roe vs Wade qui reconnait le droit à l’avortement, cette décision historique est remise en cause. Habituée à trancher sur les grands sujets de société et porteuse dans l’histoire d’avancées sociales et politiques (fin de la ségrégation, reconnaissance du mariage homosexuel), cette cour qui est l’équivalent de notre Conseil constitutionnel et qui s’est renouvelée avec une forte connotation conservatrice issue des années Bush et Trump semble désormais animée d’un esprit de revanche.


Remettre en cause le caractère constitutionnel et fédéral du droit à l’avortement, c’est laisser la main aux Etats, dont nombre sont dirigés par des conservateurs républicains, voire certains démocrates soucieux de ne pas froisser leur électorat religieux, de l’interdire tout simplement. Des gouverneurs sont ainsi sur les starting-blocks. Il faut dire que cette régression vient de loin pour cette part de l’Amérique qui n’a jamais accepté les grandes conquêtes humanistes, féministes, sociales du XXIe siècle. N’oublions pas que les mouvances réactionnaires, évangélistes notamment, sont coutumières d’actions violentes contre les cliniques pratiquant l’avortement depuis des décennies.


Des Etats dont le Texas, avec l’appui de comtés et de villes, ont déjà pris des dispositions pour des « villes sanctuaires pour les enfants à naître », restreignant voire interdisant les crédits aux plannings familiaux, aux structures de soin qui pratiquent l’avortement et aux contraceptifs dans les pharmacies. La remise en cause du droit à l’avortement sera donc aussi une remise en cause du droit à la contraception, aux méthodes d’assistance pour la procréation comme la fécondation in vitro. En clair, le droit des femmes à disposer de leur corps est dans le viseur.


Ces mêmes conservateurs, dans la lignée de leurs homologues d’ici et d’ailleurs, martèlent avec leurs médias une défense de la famille rigide, hiérarchique et violente, les femmes n’étant considérées que comme des servantes du modèle masculin. Les Etats-Unis se placeraient ainsi de fait au côté des régimes les plus obscurantistes du monde. Ce qui ne semble pas être la préoccupation de ces intégristes qui n’ont que faire de la défense de la vie, eux qui n’ont eu aucune compassion pour les morts de la Covid-19 avec un système de santé délabré et sous la coupe des intérêts financiers. Ces mêmes défenseurs de la vie qui font la promotion des armes à feu et des violences, qui défendent la famille mais en laissant un enfant étatsunien sur cinq vivre sous le seuil de pauvreté et des enfants de migrants être emprisonnés voire séparés de leurs parents dans des camps de rétention. Ne croyons pas que le droit à l’avortement sera leur seul cible. C’est l’ensemble des conquêtes démocratiques qu’ils veulent contester avec leur projet de société. D’ailleurs, dans certains Etats sudistes aux mains des républicains, le droit de vote des Afro-américains est déjà restreint par des législations locales.


Pourtant, les manifestations des femmes et des mouvements progressistes qui se sont déroulées dans plusieurs villes des Etats-Unis, dont la capitale Washington, montrent que rien n’est écrit. La Cour suprême doit rendre son avis en juillet. Il est donc impératif d’amplifier le rapport de forces. Alors que le projet de loi dit Women’s Health Protection Act (Loi de protection de la santé des femmes) a échoué de peu au Congrès il y a seulement quelques semaines, il est possible de trouver une majorité pour garantir et renforcer les droits des femmes. Une majorité de citoyens étatsuniens restent ainsi favorables au droit à l’avortement, ou sont plutôt pro-choix, malgré la propagande permanente pour vanter une vision conservatrice de la société.


Le droit à l’avortement et au-delà le droit à disposer de leur corps pour les femmes doit rester un droit fondamental. Les Etats-Unis ne peuvent se mettre à rebours de l’histoire alors que ce droit a été arraché de haute lutte dans certains pays du monde ces dernières années. Ici et ailleurs, la lutte des femmes doit être un axe de mobilisation de toutes celles et de tous ceux qui sont attachés à l’égalité, au progrès et à la dignité humaine.




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