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Nos retraites : un choix de société !

Lors de ses vœux pour l’année 2023, le président de la République Emmanuel Macron a rappelé aux Françaises et aux Français l’imminence de sa réforme des retraites qui « vise à assurer l’équilibre de notre système pour les années et décennies à venir » — l’intitulé pour le projet de loi est tout trouvé.


Le Président Macron évoque un financement « à crédit » de notre régime de retraites par répartition et la volonté de laisser aux générations futures un système juste et à l’équilibre. Notre système de retraite, aujourd’hui financé par les cotisations sociales et des recettes fiscales, serait donc menacé. Pour répondre à cet alarmant constat, la route tracée par Macron est claire : il faut « travailler davantage » et donc, allonger le temps de travail.


Parce que ce sujet va devenir l’objet central du débat public, je veux partager avec vous un certain nombre d’analyses que je vous mettrai à disposition dans les prochains jours.


Les arguments à opposer à cette réforme sont nombreux ; l’espérance de vie en bonne santé, très révélatrice des inégalités sociales de notre pays puisque l’écart atteint dix ans entre un ouvrier et un cadre, risque de s’abaisser avec cette réforme, particulièrement pour celles et ceux dont le métier est pénible. D’un point de vue strictement utilitariste, rappelons que les retraités participent activement à la vie sociale et économique, par le biais du tourisme et de la culture quand ils en ont les moyens, mais également en s’investissant dans des associations et notamment de solidarité, si essentielles pour pallier les manquements de l’Etat. La retraite est aussi un temps pour soi, pour profiter de la vie et disposer d’un temps libre après des années de travail. Ce n’est pas une aumône mais un droit.


Hausse des cotisations sociales, égalité salariale entre les hommes et les femmes, lutte contre le chômage… les propositions, notamment des syndicats, ne manquent pas pour réformer notre système de retraite. Toutes sont balayées par le gouvernement qui s’obstine dans la voie de l’allongement de la durée de cotisation.


Au fond, il s’agit avant tout d’un choix de société. Ambroise Croizat, lors de la création du système de retraite en 1945, décrivait la retraite comme une nouvelle étape de la vie et non plus « l’antichambre de la mort ». Cet immense progrès est attaqué par les ultralibéraux. Leur justification est toujours technique ; la dette, les finances de l’Etat… Même lorsqu’il s’agit de laisser un système plus juste aux générations futures, comme le prétend Macron, la question des retraites n’est envisagée que par le prisme de l’économie et de l’équilibre financier. C’est, comme toujours, au nom du pragmatisme que les austérités diverses se mettent en place, c’est au nom du « on ne peut pas faire autrement » que les plus précaires sont à nouveau les plus pénalisés.


Le raisonnement doit être inverse : la seule question fondamentale est celle de la société que nous voulons construire. La question des retraites, comme celle de la santé ou même de l’énergie — en somme de ce qui devrait relever du service public — ou encore celle de l’environnement, relève d’abord de la fin que l’on détermine et non des moyens que l’on se donne. Désirons-nous une société de l’exclusion, qui creuse toujours davantage les inégalités et qui ne prend pas soin de celles et ceux qui lui ont donné une vie de travail, ou des plus fragiles ? Une fois la réponse formulée, et seulement alors, se pose la question de la manière et des moyens à mettre en œuvre pour l’atteindre.


Est-ce à dire que le Président et son armée gouvernementale n’a aucune vision de société ? Non, bien au contraire. La logique appliquée est la même pour tous les secteurs, et le service public est sans cesse mis à mal au bénéfice du privé et des profits des actionnaires. Leur idéologie libérale filtre derrière le masque du pragmatisme et de la raison qu’ils s’appliquent à porter.


Nous refusons ces ambitions au service de quelques-uns et au détriment de presque tous. Nous refusons ce système au rabais pour le plus grand nombre, tout comme nous rejetons cette société où l’on ne prendrait soin ni des travailleuses et des travailleurs qui produisent la richesse de ce pays, ni de nos anciens. Nous refusons cette nouvelle démonstration d’un libéralisme autoritaire et délétère, qui creuse toujours davantage les inégalités. Mobilisons-nous contre cette réforme.




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