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Réforme des retraites : Des alternatives existent !

Les annonces de la Première ministre Elisabeth Borne sur la réforme des retraites, mardi 10 janvier, n’ont surpris personne et ont acté le recul de l’âge de départ à 64 ans ainsi que l’accélération de l’allongement de la durée de cotisation à quarante-trois ans.


Notre système des retraites serait en effet déficitaire, selon le gouvernement, de 12 milliards d’euros en 2027 et de 15 milliards en 2032. Le seul choix possible pour sa pérennité, selon le ministre des Comptes publics Gabriel Attal, s’opérerait donc entre « la réforme ou la faillite ». Par « la réforme », entendre celle du gouvernement, bien sûr. C’est connu, dans ces cas-là, pour les libéraux, « il n’y a pas d’alternative ».


Notre système est aujourd’hui financé par les cotisations sociales et diverses recettes fiscales qui lui sont affectées, notamment une part issue de la TVA. A ces sources de financement insuffisantes, la réponse principale du gouvernement est donc celle de l’allongement de la durée du travail.


Il est urgent et fondamental de déconstruire ce discours et de démontrer que cette vision présentée comme pragmatique et inévitable n’est pourtant pas la seule qui existe, et que les alternatives sont crédibles et surtout, plus justes.


Ainsi, parmi les pistes proposées notamment par les syndicats, l’augmentation des cotisations sociales, salariale et surtout patronales, est la plus évidente. En bon libéraux, les macronistes considèrent que cette augmentation du « coût du travail » serait inacceptable pour les entreprises — comprendre les patrons et les actionnaires — et ont rejeté d’emblée cette solution. Doit-on encore rappeler que non, il ne s’agit pas de « coût du travail » mais de juste répartition de la richesse produite par… les travailleurs et les travailleuses ?


Pourrait s’y ajouter la fin de l’exonération des cotisations sociales, exonérations qui représentent vingt milliards de manque à gagner pour l’assurance vieillesse, selon le Haut-Commissariat au Plan. Ces exonérations interviennent essentiellement via les « allègements Fillon », mais aussi via le CICE, pérennisé en 2019 sous forme de baisses de cotisations et la baisse récente des impôts de production. L’intégralité de ce manque à gagner est aujourd’hui compensé par l’Etat, notamment par le biais de la TVA. Il serait largement possible de ponctionner les flux financiers pour compléter les financements. Ces revenus ont atteint 385 milliards en 2021, ce qui pourrait rapporter 40 milliards à la Sécurité sociale si cette somme était soumise au même taux que les cotisations patronales vieillesse.


Et bien sûr, l’augmentation des salaires, mais aussi l’égalité salariale entre les femmes et les hommes, conduiraient mécaniquement à une hausse des cotisations sociales et à des carrières complètes, condition essentielle pour assurer l’équilibre financier.


Enfin, la lutte contre le chômage doit rester une priorité, y compris en termes de financement des retraites, car plus le chômage est bas, plus les cotisations sociales sont nombreuses. De ce point de vue, la solution du gouvernement aurait un effet pervers évident : en faisant travailler les gens plus longtemps, on met les travailleurs et les travailleuses davantage encore en concurrence. Les travailleurs, mais aussi les générations, soit parce que moins de postes se libèrent, soit en précarisant les travailleurs plus âgés, qui « coûtent » plus cher et risquent de ne pas trouver de travail. Le risque est que le chômage explose… autant de cotisations sociales en moins à réinjecter dans le financement des retraites.


S’arc-bouter sur l’allongement de la durée de cotisation ne constitue donc en rien la seule option possible ou crédible ; il s’agit d’un véritable choix empreint d’une idéologie libérale qui a pourtant déjà montré ses faiblesses et fait suffisamment de dégâts.




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