Le 14 juillet 1935, il y a 90 ans, plus d’un an après les émeutes de février 1934 et les manifestations antifascistes qui s’en sont suivies, les ligues d’extrême droite s’apprêtent à envahir les Champs-Elysées pour célébrer la fête nationale.
En riposte, des « assises de la paix et de la liberté » sont organisées à Montrouge, par des organisations syndicales, des partis de gauche, des citoyennes et citoyens. Elles et ils prêtent serment et promettent de « rester unis pour désarmer et dissoudre les ligues factieuses pour défendre et développer les libertés démocratiques et pour assurer la paix humaine ».
Plus de 500 000 personnes défilent sous ce mot d’ordre et s’unissent avec un même message : le 14 juillet, mais aussi le drapeau tricolore, la Marseillaise, tous ces symboles qui incarnent notre République, ne peuvent être laissés dans les mains de l’extrême droite.
Un an plus tard, le défilé est placé sous le signe du Front Populaire et de la lutte pour les conquis sociaux, qui aujourd’hui encore, sont le socle de notre modèle social et que les tenants du capital cherchent à détricoter.
Deux visions s’affrontent, ce 14 juillet 1936, d’un côté la parade des forces armées de la bourgeoisie, de l’autre celui d’une foule du Front Populaire avec un peuple travailleur qui appelle à la République sociale, souveraine et démocratique contre le fascisme menaçant.
Depuis plusieurs années, l’extrême droite cherche à s’accaparer le 14 juillet pour en faire un événement patriotique rétréci, dévoyant son sens initial en réécrivant l’histoire pour mieux se l’approprier et le récupérer. N’oublions pas qu’un jeune militant de l’extrême droite avait choisi le 14 juillet, pour tenter d’assassiner le Président de la République, en 2002.
Le 14 juillet et la prise de la Bastille sont l’héritage de la Révolution Française, où les citoyens et les citoyennes ont victorieusement pris les armes contre le gouvernement du roi et pour protester contre le prix des grains et du pain. Ce soulèvement populaire marque le refus de l’arbitraire royal et l’envie de démocratie.
Aujourd’hui, l’heure est à une nouvelle nuit du 4 août pour mettre fin aux privilèges de ceux qui s’accaparent richesse, pouvoir, et médias au détriment des forces du travail et de la création. À l’opposé des idées rances et xénophobes d’une extrême droite alliée d’une partie du capital dans sa conquête du pouvoir, il n’appartient qu’aux forces politiques, syndicales, associatives de soulever un nouvel espoir, celui d’une vie meilleure débarrassée des guerres, de la misère et de l’oppression.
Nous les connaissons celles et ceux qui ont tout intérêt à la division du peuple, qui cherchent des ennemis et des boucs-émissaires à tous les maux. Nous les voyons celles et ceux qui veulent supprimer le 1er mai, autre date symbolique et journée internationale de lutte pour les droits des travailleurs et des travailleuses. Ceux-là ne supportent pas qu’un jour leur échappe, eux qui rêvent d’en finir avec le code du travail pour mieux y faire régner le capitalisme sans obstacle, eux qui sont irrités par les luttes sociales qui débouchent sur des conquêtes des droits.
Face aux tenants du capital qui continuent leur œuvre destructrice, face au poison de la haine qui continue de se propager, il est de temps de mener la bataille idéologique et de chercher l’unité la plus large pour les prochaines échéances électorales.
Alors oui, célébrons le 14 juillet de façon révolutionnaire, en entonnant la Marseillaise et l’Internationale avec tous et celles et ceux qui aspirent à plus de justice sociale et écologique et de paix. Liberté, Egalité, Fraternité. Plus qu’une devise républicaine, une ambition pour tout le peuple.