M. Fabien Gay appelle l’attention de M. le ministre délégué auprès du ministre de l’économie, des finances et de l’industrie, chargé de l’industrie sur la décision du groupe Renault d’externaliser d’ici 2026 la production des motorisations hybrides des monoplaces de Formule 1, qui dépendait jusqu’alors d’une de ses filiales, nommée Alpine, dont le site est basé à Viry-Châtillon.
Cela mettrait un terme à la fabrication de ces moteurs sur le sol français, puisque le groupe entend la délocaliser en Angleterre, dans un site du groupe Mercédès.
Ce choix semble être motivé par une volonté de réduction des coûts et d’accroissement des marges pour le constructeur, au détriment des capacités d’innovation française et des emplois.
Une décision de court-terme incompréhensible alors que le constructeur connaît une pleine santé financière : en 2023 son résultat net s’élevait à 2,2 milliards d’euros, et son chiffre d’affaires a augmenté de 13,1 %.
L’usine de Viry-Châtillon, qui développe depuis près de 50 ans des moteurs de Formule 1 de renommée mondiale, a permis à Renault de remporter 12 titres de champion du monde, contribuant au rayonnement de l’excellence technologique française. Il restera dans l’histoire comme celui ayant mis au point le turbo-compresseur automobile qui contribue encore à accroître les rendements des moteurs thermiques, réduisant significativement les émissions de CO2.
Il apparaît donc que l’abandon de cette activité serait non seulement un désaveu de la capacité française à innover, mais aussi une perte définitive d’un savoir-faire national unique, qui bénéficiait, grâce aux grands prix, d’une audience annuelle de plus de 1,5 milliard de téléspectateurs.
Mettre fin à ces activités porterait donc un coup à la compétitivité et l’indépendance de l’industrie française, à rebours des orientations de nos concurrents allemands et anglais qui investissent 1,3 milliard d’euros pour disposer de l’infrastructure similaire à celle que le groupe Renault s’apprête à stopper.
Cette décision est également risquée dans un contexte de transition écologique nécessaire au secteur automobile, une fuite des cerveaux étant à craindre.
Bien évidemment, cette délocalisation aurait aussi un impact négatif sur l’emploi : le sort des 334 salariés et 150 prestataires du site est menacé, mais également le tissu national dans lequel s’insère le site de Viry-Châtillon, qui bénéficiait de 100 millions d’euros de retombées économique. Le site Mecachrome d’Aubigny-sur-Nère serait également en proie à des difficultés sociales si cette orientation venait à se confirmer.
Alors que le secteur industriel et technologique français n’a de cesse de se dégrader ces dernières années, des décisions politiques structurantes apparaissent plus que jamais essentielles.
Il aimerait donc savoir ce que le Gouvernement entend faire pour contraindre le groupe Renault à revenir sur sa décision de délocaliser l’activité du site de Viry-Châtillon