M. Fabien Gay interroge M. le ministre de l’économie, des finances et de l’industrie sur l’annonce du groupe Auchan de mener le plus gros plan social de son histoire.
La direction d’Auchan Retail a annoncé le mardi 5 novembre 2024 la fermeture de 10 magasins, et la suppression de près de 2 389 emplois, soit le plus gros plan social de l’histoire du groupe. Dans le détail, 784 postes seront supprimés au sein des sièges, 915 postes dans les magasins. Il est également prévu l’arrêt de la livraison directe à domicile, qui entraînerait 224 suppressions de postes ainsi que la fermeture d’une dizaine de points de vente jugés non rentables, ce qui représente 466 emplois.
En 2020, le groupe avait déjà annoncé la suppression de 1 475 postes en France, après un plan de départs volontaires de plus de 500 postes, alors que dans la même année l’État lui allouait 500 millions d’euros au titre du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE). Ces fonds ne semblent pas avoir été investis pour sauvegarder l’emploi et adapter les enseignes aux nouvelles réalités du marché. Le cinquième distributeur français justifie en effet ce vaste plan social par ses mauvais résultats depuis 2012, avec « une baisse constante de fréquentation en magasin ».
Mais il faut surtout constater que les orientations prises par la direction ces dernières années avaient été sujettes à interrogations. Alors que les résultats de l’enseigne étaient en baisse, la direction a procédé l’an passé au rachat de 98 magasins de Casino, plutôt que de consolider l’existant en modernisant ses magasins.
En outre, la stratégie déployée d’investissement à l’étranger s’est avérée inopportune car trop risquée. Le groupe a donc payé cette série de choix économiques inopportuns, et accumulé un retard sur une offre de produits peu travaillée. Bien que les chiffres du groupe laissent apparaître une santé économique affaiblit, il faut constater que les 800 actionnaires d’Auchan se sont partagés 1 milliard d’euros de dividendes en 2022-2023, et que la fortune de la famille Mulliez, détentrice du groupe, a été multipliée par 4 en 25 ans. Et encore une fois, les salariés sont considérés comme simple variable d’ajustement des profits du groupe, et deviennent tributaires des choix économiques délétères réalisés unilatéralement par la direction.
Il interroge donc le Gouvernement sur la stratégie qu’il entend déployer pour contraindre le groupe à revenir sur sa décision, eu égard aux dividendes versées et à l’argent public perçu.