Quelques instants après la proclamation des résultats des élections européennes plaçant le Rassemblement national en tête, il y a tout juste un an, Emmanuel Macron annonçait la dissolution de l’Assemblée nationale. Une décision soudaine, solitaire et irresponsable, face à un parti d’extrême droite en pleine dynamique, risquant de lui offrir sur un plateau la majorité des sièges au Palais Bourbon. Ce coup de poker politique a accentué l’isolement du président et renforcé l’incompréhension face à un danger réel. Dans un sursaut citoyen et démocratique, la mobilisation a déjoué ce scénario funeste, grâce notamment à la constitution du Nouveau Front populaire. Alors que, créant la surprise, cette alliance de gauche est arrivée en tête, Emmanuel Macron a refusé de reconnaître cette victoire, plongeant le pays dans le chaos, avec un gouvernement démissionnaire décidant de l’avenir du pays. Cette période, inédite sous la Ve République, a creusé un peu plus l’écart entre le pouvoir et les citoyens et a favorisé le désespoir, sur l’air de « à quoi bon voter ? ». Un an plus tard, le pays est toujours dirigé par un gouvernement illégitime, qui continue une politique rejetée dans les urnes.
Le gouvernement et la Macronie, aidés par leurs alliés, passent en force, à coups de 49.3, pour adopter des budgets austéritaires, contournent la Constitution et utilisent des manœuvres politiciennes et grossières pour échapper au débat parlementaire sur des sujets majeurs tels que la loi Duplomb et l’autoroute A69.
L’exécutif poursuit, par ailleurs, sa casse sociale, en envisageant à nouveau 40 milliards d’euros d’économies pour le budget 2026, avec des conséquences sur l’ensemble des politiques publiques et des services publics. Il entend proposer une TVA sociale, chère au Medef, et veut mettre à sec la Sécurité sociale, à l’aube de son 80e anniversaire. Une politique de classe bien relayée par des empires médiatiques de plus en plus à la botte de la droite la plus réactionnaire. Et l’apparition d’une nouvelle chaîne, T18, sur la TNT, détenue par le milliardaire conservateur Daniel Kretinsky, risque bien d’apporter encore un peu plus d’eau au moulin de l’idéologie réactionnaire et capitaliste.
Aucune leçon n’a été tirée et la menace du RN est toujours grandissante. Le duo infernal composé du ministre de l’Intérieur et du garde des Sceaux banalise chaque jour un discours raciste, utilisant un vocabulaire volontairement outrancier et stigmatisant. Comme une conséquence inéluctable, les actes racistes et les attaques de l’extrême droite se multiplient, avec le meurtre de Djamel Bendjaballah en août 2024, celui d’Aboubakar Cissé en avril dernier et celui de Hichem Miraoui il y a quelques jours. Des crimes revendiqués sur fond de propos identitaires ou islamophobes. La violence fasciste vise également celles et ceux qui défendent des valeurs de paix et d’émancipation, symbolisées par les attaques menées par l’ultradroite contre le Prolé, institution culturelle et populaire des militants communistes d’Alès, ou les locaux de la fédération PCF du Tarn-et-Garonne.
Jordan Bardella a beau s’asseoir sur un canapé pour raconter sa vie sentimentale à la télévision, le RN ne peut masquer ses idées de haine et son ambition de conquête de l’Élysée. La victoire du candidat ultraconservateur en Pologne doit être une nouvelle alerte face à la progression de l’extrême droite partout en Europe. Il appartient à tous les progressistes et, au-delà, aux républicains et démocrates sincères de construire des digues, de se rassembler pour empêcher cette propagation.