La semaine dernière, je suis allé à la rencontre de Médecins du Monde qui possède un CASO, c’est-à-dire un Centre d’Accueil, Soins et d’Orientations, qui accueille chaque année plus de 4.000 personnes. Plus de 60 bénévoles et 9 salariés interviennent chaque jour auprès d’un public précarisé, d’abord en permettant à chaque personne, dont beaucoup de personnes migrantes ou sans-papiers d’avoir accès à des premiers soins, mais aussi de les accompagner pour avoir accès à leurs droits dont l’Aide Médicale d’Etat (AME).
La direction du centre a voulu attirer mon attention sur les débats concernant l’AME et sa remise en cause par les droites coalisées. Contrairement à une idée relayée par l’extrême droite, chaque personne arrivant sur le sol n’a pas le droit automatiquement à l’AME. C’est un droit ouvert mais sous conditions, et en Seine-Saint-Denis, c’est un véritable parcours du combattant.
Il faut d’abord disposer d’une pièce d’identité. Pensons à ces hommes et femmes qui fuient la guerre, la misère et l’oppression et qui parfois sont partis en laissant tout derrière eux, ou à des passeurs qui leur ont confisqué leurs papiers.
Ensuite, il faut un certificat d’hébergement. Beaucoup de villes à travers leur CCAS le font ; c’est une obligation. Mais d’autres villes le refusent.
Enfin, il faut une preuve d’une présence sur le territoire national en situation irrégulière de plus de 3 mois, mais de moins d’un an. C’est donc un comble pour des personnes à qui on dénie le droit d’être sur le territoire de devoir prouver…sa présence sur le territoire. Dans un certain nombre de départements franciliens, un pass Navigo est une preuve…mais pas en Seine-Saint-Denis.
Enfin, il y a aussi une condition de revenu. Il ne faut pas percevoir plus de 847 euros par mois, sachant que beaucoup de sans-papiers sont obligés de travailler sous alias.
Toutes ces conditions auxquelles s’ajoute le problème de la langue, la CPAM 93 ne disposant pas de service traduction. Obtenir un rendez-vous est enfin un parcours du combattant, 7 personnes sur 10 renonçant dans notre département à faire valoir ses droits.
Loin des polémiques stériles et puantes, il faudrait plutôt que chaque personne présente sur le territoire puisse avoir accès aux soins et au droit commun.
Médecins du Monde déploie par ailleurs un deuxième programme, celui de la mission bidonvilles qui agit au quotidien dans ces habitats insalubres pour faire de la médiation santé.
Je veux les remercier sincèrement de leur accueil et de nos échanges qui me permettront de défendre ces programmes et l’AME lors du budget de la Sécurité sociale et du Projet de Loi de Finances.