Ce n’est pas un séisme car le résultat était attendu. Zohran Mamdani, jeune élu d’un district populaire de New-York, immigré, musulman, se revendiquant socialiste est devenu ce 4 novembre 2025 maire de la plus grande ville des Etats-Unis. Il incarne tout ce que détestent Donald Trump et le mouvement MAGA (Make America Great Again).
Le symbole est fort même si New York a déjà eu à sa tête des maires plus progressistes que dans le reste du pays. Pour autant, on ne peut résumer cette élection au profil du vainqueur.
D’où vient ce succès fulgurant pour celui qui était désigné à 1% dans les sondages de la primaire démocrate à l’été 2025 ? Le candidat des socialistes américains (DSA) a remporté ce processus interne avec un écart conséquent face au candidat dit modéré Andrew Cuomo, ancien gouverneur de l’Etat et issu de l’appareil démocrate le plus bureaucratique et conservateur.
Un candidat de gauche a remporté l’élection parce qu’il a porté des propositions concrètes de changement social pour les habitants. Il a été élu parce qu’il symbolise la ville de New York de son temps, jeune, cosmopolite, en attente de propositions sociales. La ville qui ne dort jamais est devenue plus que jamais la ville très chère où il est difficile de se loger, de se déplacer, de faire garder ses enfants même pour des couches moyennes de la société.
Zohran Mamdani a répondu à ces exigences du quotidien pour rendre la vie abordable et a fait campagne sur ces axes de campagne très concrets et facilement identifiables : gratuité et amélioration du réseau de bus, gel des loyers, développement de modes de gardes pour les parents qui ont des jeunes enfants. Ces mesures seraient financées par une taxation à hauteur de 1% des plus grandes fortunes. Rappelons que même si la ville a une histoire plus progressiste que dans le reste des Etats-Unis, elle est très inégalitaire avec des milieux d’affaires qui vivent dans l’opulence et des classes populaires qui vivent dans une grande précarité.
A l’image des gens de son parti DSA, il a fait le choix de tirer le parti démocrate à gauche et commencer par se présenter dans les échelons locaux du parlement de l’Etat de New-York. Il a été de tous les combats sociaux en tant qu’avocat avec les taxis en grève, aux côtés des locataires face aux expulsions. Le style du candidat, quasi starifié avec un récit si cher à la culture étatsunienne fait de vidéos humoristiques, d’un ton décalé, lui a donné un écho certain. Mais il ne faut pas sous-estimer la dimension militante et populaire d’un mouvement qui s’est élargi à des secteurs en lutte et progressistes notamment parmi les jeunes. Trois millions de portes ont été tapées pour faire connaître le programme.
La victoire de Zohran Mamdani est un signe d’espoir et un symbole. Il y a déjà eu des symboles forts aux Etats-Unis comme Barack Obama en 2008. Le nouveau maire de New-York en est conscient car il fait partie de cette génération qui veut affirmer la fierté d’Etats-Unis riches de leurs immigrations, qui souhaitent disposer de services publics, d’une sécurité sociale et d’un accès aux soins pour toutes et tous. La lutte ne fait que commencer d’autant que le pouvoir fédéral va lui mettre des bâtons dans les roues comme il l’a déjà fait pendant la campagne électorale par des accusations calomnieuses et indignes d’un débat démocratique.
Dans un pays fracturé par le haut de la part d’un capital radicalisé qui est prêt à réactiver le racisme le plus crasse avec Donald Trump, la victoire de Zohran Mamdani rappelle à quel point une campagne basée sur les aspirations populaires et affirmant des principes rassembleurs peut porter ses fruits. Si pour l’instant les grandes villes sont des lieux de résistance et de mobilisation notamment face à la politique d’expulsion totalement inhumaine du gouvernement étatsunien, il ne faudrait pas se cantonner à ces seuls territoires. La victoire des démocrates dans les Etats du New Jersey et de Virginie démontrent que les républicains peuvent être battus. Des luttes environnementales, des luttes syndicales y compris dans les territoires dits rouges (acquis aux républicains), des luttes antiracistes, des luttes féministes sont des ferments de résistance face à un Donald Trump qui est prêt à imposer un ordre fascisant.
Gageons que la victoire de Zohran Mamdani soit le symbole d’un mouvement qui ne s’endort jamais, à l’image de la ville de New York.





