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Nous, on veut vivre

Fabien GAY

3 févr. 2023

C’est par ce titre que le groupe de militantes féministes Les Rosies signifie en chanson le caractère injuste de la réforme des retraites. Quand une régression sociale s’impose à toutes et tous, elle impacte nécessairement les plus fragilisés et précaires.

Les femmes font malheureusement une fois encore partie des victimes évidentes du prolongement de l’âge légal de départ. Le ministre Franck Riester en a convenu lui-même, avouant que les femmes étaient « un peu pénalisées », mettant ses amis de la majorité dans l’embarras et détruisant une des fausses avancées promises.


Temps partiel subi, arrivée souvent plus tardive dans l’emploi stable (en raison d’études plus longues, périodes de grossesse et congés maternité), discriminations : les carrières professionnelles des femmes sont plus irrégulières, parfois même souterraines et non-déclarées dans des entreprises familiales (agricoles, petites et moyennes entreprises). De plus, les femmes sont majoritaires dans les secteurs professionnels parmi les plus atteints par l’austérité et la pénibilité. Qu’on pense aux secteurs publics dégradés où elles sont majoritaires, de l’Education nationale à l’hôpital public en passant par la justice. Elles y subissent également de plein fouet toutes formes de violences (humiliations, harcèlement moral, agressions sexuelles), qui s’ajoutent de façon insupportable à la pénibilité de leur travail. Le récent rapport du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes est à cet égard édifiant.

C’est le fruit d’une inégalité structurelle sur le marché du travail avec un salaire en moyenne inférieur de 28% ! Avec cette réforme, la paupérisation des femmes n’ira qu’en s’accélérant. 


Avec une retraite moyenne d’un montant de 1049 euros (40% en moyenne inférieures à celles des hommes), il est peu de dire que les femmes seront encore plus impactées. Comble du cynisme, le gouvernement va faire travailler les femmes plus longtemps puisqu’elles devront prolonger leur carrière pour atteindre la retraite. Madame Borne ose même présenter comme un progrès le maintien de la décote à 67 ans, quand 19% des femmes sont déjà concernées… Le projet actuel renforcera donc cette inégalité.


C’est pourtant en agissant sur les problèmes structurels que rencontrent les femmes au travail, mais aussi et surtout dans la société, qu’il faut agir. Plusieurs pistes existent pour y remédier. D’abord, agir sur le taux d’emploi des femmes, mais surtout sur l’égalité salariale entre les femmes et les hommes qui rapporterait six milliards de cotisations sociales chaque année. Il faut agir sur les déroulés de carrière et les conditions de travail, notamment les temps partiels subis. Cela ne se fera pas sans une évolution des mentalités et un accès plein à toutes les formations et les emplois pour les femmes. L’égalité des droits réelle permettra d’atteindre une égalité de conditions au moment de la retraite, et même un équilibre des comptes.


Cela appelle à un autre modèle, profitant à toutes et tous, pour paraphraser la chanson des Rosies : « L’égalité et la fin de la misère, des salaires, leur permettre de travailler sans les bambins à s’occuper et pour tout l’monde jeune comme vieux une retraite juste et solidaire ».

 

 

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