top of page

Gabriel Attal : l’accélération libérale-autoritaire

Plus à l’aise que dans une exploitation agricole face à des paysans, le Premier ministre a bien confirmé que s’il était le plus jeune à exercer la fonction de chef de gouvernement, il portait toujours les vieilles idées rances et libérales.


Le cap est clair : la continuité et même l’accélération d’une politique libérale et autoritaire. Décrivant les fractures, créées par les précédentes réformes, en succès, le Premier ministre veut ainsi poursuivre la casse sociale et la régression démocratique.  Pour chercher les 25 milliards d’euros d’économie et plaire aux marchés financiers, il faut annoncer un cap antisocial et écarter toute contestation possible.


Travail : paupérisation et sanctions


Pour faire passer son message d’un pays qui souhaiterait poursuivre dans la voie libérale, la vieille antienne sarkozyste a été ressortie. L’opposition serait entre ceux qui travaillent et ceux qui ne travaillent pas. La « smicardisation » de la France serait donc la faute de celles et ceux qui sont privés d’emplois, touchant de maigres prestations sociales. On aurait pensé qu’il s’agissait plutôt des inégalités qui s’accroissent et des 500 000 personnes qui ont basculé dans la pauvreté depuis 2021 alors que le CAC 40 bat des records de dividende.


Il faut donc continuer de valoriser le travail en favorisant…les trappes à bas salaires ! Evoquant une nouvelle exonération de cotisations sociales pour ces emplois faiblement rémunérés, le Premier ministre s’attaque aux bénéficiaires d’allocations ! La suppression de l’Allocation de solidarité spécifique (ASS) se fera avec un transfert de ces allocataires vers le RSA…où les attendent les 15 heures de travail hebdomadaires. Bienvenue dans le monde du travail gratuit ! On sait d’ores et déjà que cette pénalisation des privés d’emplois ne résoudra pas le retour vers l’emploi et constitue même une brutalité sociale pour ces allocataires de l’ASS qui sont majoritairement des séniors souffrant de problèmes physiques. Avant même l’application de la réforme des retraites à 64 ans, le monde du travail subit une nouvelle agression.


L’annonce d’une nouvelle réforme de l’assurance-chômage réduira à peau de chagrin le peu de droits des privés d’emplois tout comme la phase 2 d’une réforme du Code du travail. Après la négociation de branche qui prévaut sur celle d’un droit national inscrit dans la loi, voici que l’objectif est désormais d’inscrire la centralité des droits à l’échelle de l’entreprise. Il s’agit clairement d’en finir avec le droit du travail et d’attaquer la représentation syndicale en donnant le pouvoir aux dirigeants d’entreprise dans un rapport de forces plus que favorables.


Cadeaux au capital en attendant la crise


D’autres cadeaux sont fait au capital : dérégulation de l’économie dans de nombreux secteurs au nom de la lutte contre les rentes, fin des réglementations dans le dossier de la construction. Les services publics n’existent plus tout comme la hausse des tarifs de l’électricité et des franchises médicales qui n’ont évidemment même pas été évoqués.


La fin de la loi  de Solidarité et rénovation urbaine (SRU) qui prévoit 25% de logements sociaux dans les communes est révélatrice du projet macronien. Opposant classes populaires et classes moyennes, c’est en réalité la fin  de l’idée d’une politique de logement pour les travailleurs. Cela ne résoudra ni les difficultés d’accès au logement et accentuera les fractures territoriales. Le gouvernement valide le séparatisme social et donne des bons points à ces élus locaux qui ne respectent pas la loi depuis 25 ans…Aucune leçon des difficultés de nos banlieues n’a été retenu, pas même le dernier épisode de l’été dernier.


Les mesures écologiques sont du réchauffé de poncifs empruntés au discours réactionnaire contre une écologie prétendument « punitive ». Il n’a été fait mention des énergies fossiles dans son discours alors que le gouvernement ne respecte pas les objectifs de l’accord de Paris d’une baisse annuelle de 5% des émissions de gaz à effet de serre.


L’ordre pour seul horizon


En plus de contrôler et de sanctionner toujours plus les plus précaires, le Premier ministre a usé d’un ton martial insupportable. Fort avec les faibles, faible avec les forts : l’adage est bien connu. Mais c’est surtout que la règle est contraignante quand on est du côté du salariat et qu’elle est une contrainte à « déverrouiller » quand elle concerne le capital.


Grande mesure phare, l’annonce de travaux d’intérêts éducatifs pour les mineurs délinquants… existe déjà. L’annonce de forces d’action républicaines dans les établissements scolaires comme celle de généraliser le Service national universel sonnent comme un projet de mise au pas de notre jeunesse. L’austérité accélère l’effondrement de l’école et c’est bien ce qui accentuera les fractures. Même constat pour la santé : pendant que l’hôpital public souffre, il faut taper sur les patients qui n’honoreraient pas leur rendez-vous…


A part quand il s’agit de combler les manques de main d’œuvre, l’immigration est perçue comme une menace qu’il faut traiter par un angle uniquement policier.


Répétant plusieurs fois la volonté de réaffirmer l’idée d’une France forte et fier d’elle-même, c’est bien une posture conservatrice qui a constitué l’axe du discours de politique générale du Premier ministre.


La mobilisation populaire doit trouver un nouveau souffle pour résister et proposer une alternative qui prépare la voie à l’arrivée de l’extrême-droite au pouvoir dans un espace public où le pourrissement et la politique spectacle banalisent les pires idées rétrogrades.


 Batailles sur la hausse des salaires, pour la solidarité, contre les idées rances : la riposte populaire ne peut pas attendre.

67 vues0 commentaire
bottom of page